La série de ce dimanche est l’œuvre de Jonathan Torgovnik qui vient d’obtenir le Prix Découverte des Rencontres dʼArles 2012.
Né en 1969 en Israël., diplômé de la School of Visual Arts de New York, installé au Cap, en Afrique du Sud, Jonathan Torgovnik sillonne le monde pour des reportages publiés par Newsweek, The Sunday Times Magazine, ou GEO.
Sa série, Intended Consequences (Conséquences attendues) est composée de portraits réalisés au Rwanda avec des femmes victimes de violences sexuelles pendant le génocide, accompagnées des enfants nés de ces violences.
Le photographe raconte son travail dans une interview au Figaro. Les témoignages qu’il a recueillis au moment des rencontres avec ces femmes accompagnent leurs photographies, dans l’exposition qu’il a présentée à Arles comme dans le livre qu’il leur a consacré.
Voici l’un de ces récits :
“Je n’ai jamais aimé ces enfants. Je n’ai jamais aimé personne. Je préfère ma première fille car elle est née d’un acte d’amour. Le père était mon mari. Ma seconde est née de circonstances complexes (viol). Je n’ai jamais aimé son père mais j’ai aimé mon premier mari et donc son enfant. Le chef de la milice est venu à l’endroit où ils m’avaient cachée et m’a emmenée dans un endroit reculé où personne ne pouvait me voir, il m’a demandé de ne pas faire de bruit et a commencé à me violer, sans merci. Il m’a dit que je n’étais pas la première qu’il violait. Il était impitoyable, a mis du sperme sur ma jambe, a percé ma jambe et m’a violée pendant quatre heures, sans pitié. Je suis restée dans cet endroit, ai été violée chaque nuit et, la journée, on m’enfermait pendant six heures avec trois hommes.”
Jonathan Torgovnik est également le cofondateur de la Foundation Rwanda qui a pour devise “L’espoir pour les enfants, la guérison pour les mères”.
L’espoir et la guérison… Dans un monde où le sexe est encore trop souvent une arme de guerre dans trop de pays (et un produit de consommation dans tant d’autres…), voilà un beau programme pour ce dimanche. Non ?
(photos : Jonathan Torgovnik)
Intended Consequences est aussi un documentaire que vous pouvez aller voir à cette adresse.
Mais en supplément dimanche, j’ai voulu vous proposer quelque chose en contraste, de plus léger, de plus animé. J’ai donc trouvé, toujours en Afrique du Sud, Wing It, un film réalisé par Jeanelize de Nys, de l’école d’animation du Cap, qui a emporté le prix du meilleur film au premier festival de Johannesbourg.
“Never give up” est aussi une bien belle devise pour ce dimanche et la semaine à venir.
Oui belle devise, et même au delà de la semaine … Ce reportage est poignant, et tout au fond cette étincelle d’amour qui perdure et revit au delà de la sauvagerie forcenée, regard d’une mère sur l’enfant, de l’enfant sur la mère, quelle force dans ces âmes de porter ainsi la vie ….
Au risque de paraître naïve, deux jours avant, je voulais suggérer de passer aux soldats les belles musiques de ce blog, la douce balade d’Annbjorg Lien par exemple … toucher les coeurs, au moins un petit peu, c’est déjà ça !
Merci de ce message porteur…
J’ai bien du mal avec l’espoir et la guérison…
J’essaie, je bredouille, je doute parfois même de toucher les cœurs à peine.
Merci de m’y faire croire, un peu.