Aujourd’hui, je vous adresse exceptionnellement deux cartes postales. Une mini série de dimanche en quelque sorte.
La première est une photo d’Erwan Morere, photographe avignonnais, invité des Rencontres de la Photographie d’Arles jusqu’au 23 septembre. Elle est extraite de la série Seydisfjördur visible sur le site de l’auteur.
La seconde a été prise mercredi, devant la gare de Lyon, où quelques images d’Arles étaient proposées à la curiosité des passants ou au besoin d’ombre de ceux qui s’installaient à l’ombre des panneaux pour lire, téléphoner, attendre, dormir… Au pied de la photo qui avait retenu mon attention, deux hommes avaient installé un matelas et un embryon de campement. Lorsque j’ai sorti l’appareil, l’un deux s’est éloigné, l’autre s’est approché de l’image, se plaçant devant le chapiteau perdu dans le paysage. Je lui ai demandé de s’écarter à peine et j’ai juste pris une photo.
Voilà, c’est tout.
Une citation pour la journée ? Allez non, un extrait de Zazie dans le métro, de Raymond Queneau. Et ceux qui trouveront le rapport avec l’image du jour gagnent un an d’abonnement gratuit à ce blougui…
– Moi, déclara Zazie, je veux aller à l’école jusqu’à soixante-cinq ans.
– Jusqu’à soixante-cinq ans ? répéta Gabriel un chouia surpris.
– Oui, dit Zazie, je veux être institutrice.
– Ce n’est pas un mauvais métier, dit doucement Marceline. Y a la retraite.
Elle ajouta ça automatiquement parce qu’elle connaissait bien la langue française.
– Retraite mon cul, dit Zazie. Moi c’est pas pour la retraite que je veux être institutrice.
– Non bien sûr, dit Gabriel, on s’en doute.
– Alors c’est pourquoi ? demanda Zazie.
– Tu vas nous expliquer ça.
– Tu trouverais pas tout seul, hein ?
– Elle est quand même fortiche la jeunesse d’aujourd’hui, dit Gabriel à Marceline.
Et à Zazie :
– Alors ? pourquoi tu veux l’être, institutrice ?
– Pour faire chier les mômes, répondit Zazie. Ceux qu’auront mon âge dans dix ans, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans cent ans, dans mille ans, toujours des gosses à emmerder.
– Eh bien, dit Gabriel.
– Je serai vache comme tout avec elles. Je leur ferai lécher le parquet. Je leur ferai manger l’éponge du tableau noir. Je leur enfoncerai des compas dans le derrière. Je leur botterai les fesses. Parce que je porterai des bottes. En hiver. Hautes comme ça (geste). Avec des grands éperons pour leur larder la chair du derche.
– Tu sais, dit Gabriel avec calme, d’après ce que disent les journaux, c’est pas du tout dans ce sens-là que s’oriente l’éducation moderne. C’est même tout le contraire. On va vers la douceur, la compréhension, la gentillesse. N’est-ce pas, Marceline, qu’on dit ça dans le journal ?
– Oui, répondit doucement Marceline. Mais toi, Zazie, est-ce qu’on t’a brutalisée à l’école ?
– Il aurait pas fallu voir.
– D’ailleurs, dit Gabriel, dans vingt ans, y aura plus d’institutrices : elles seront remplacées par le cinéma, la tévé, l’électronique, des trucs comme ça. C’était aussi écrit dans le journal l’autre jour. N’est-ce pas, Marceline ?
– Oui, répondit doucement Marceline.
Zazie envisagea cet avenir un instant.
– Alors, déclara-t-elle, je serai astronaute.
– Voilà, dit Gabriel approbativement. Voilà, faut être de son temps.
– Oui, continua Zazie, je serai astronaute pour aller faire chier les Martiens. «
(photos : Erwan Morere, JR Chauvin)
Bon, avec tout ça dimanche est revenu.
Même si c’est les vacances, ça ne m’empêche pas de vous proposer le court-métrage dominical presque habituel. Celui ci s’appelle J’attendrai le suivant et il est signé Philippe Orreindy.
Et même si (bis) il se déroule à Lyon, ça se passe quand même dans le métro.
Aurait-il 4 étoiles ce chapiteau ?
Après vérification de l’association d’idées par le jury, la réponse est déclarée fausse. Aucun rapport entre Zazie dans le métro et Zazie qui chante le cirque…
Le concours reste ouvert !
Peut-être un peu plus dans le sujet :
Annie Fratellini, notre clown préférée, a joué dans le film « Zazie dans le métro ».
J’ai hésité à écrire quelques lignes hier de peur d’être banni.
Aujourd’hui, pas de « mauvais sujet », les rencontres photographiques d’Arles, Raymond Queneau et ce court-métrage, tellement dur, mais dans lequel je revois toujours avec plaisir mon vieux copain Casa.
En matière de mauvais souvenirs d’école, me revient à l’esprit la lecture publique faite il y a quelques mois par Gilles Ascaride de quelques unes de ses histoires. génial.
Mais non, je ne bannis qu’exceptionnellement…
Sourire
Moi je l’aime bien ce court métrage.
Et c’est bien Zazie dans le métro qui commence par :
Je sais c’est tiré par les cheveux…
Je ne joue plus moi ! Na…

Méconnaissable !
🙂