“À force de regarder le monde et ses horreurs, tu vas finir totalement déprimé”, me (pré)disent parfois mes proches ou certaines lectrices de ce blougui.
Mais je ne parviens pas toujours à détourner mon regard ou mes pensées de ce monde de fous dans lequel j’ai l’honneur d’être vivant.
Pourtant…
Hier matin, des talibans se sont attaqués à une école de Peshawar. Vous en avez sans doute entendu parler. Vous avez peut être aussi entendu le décompte des victimes, passé au fil des informations en ligne d’une vingtaine en début de journée à “au moins 132 élèves et 9 enseignants” au moment où, hier soir, j’écrivais ce billet. Les neuf assaillants ayant été tués par les forces armées pakistanaises…
Juste l’horreur. Et la connerie indicible d’hommes qui refusent à leurs enfants le droit d’apprendre à être moins cons qu’eux et à leurs filles le droit à un soupçon d’égalité.
Alors, j’ai serré les dents, les poings, le cœur. Conscient encore de mon impuissance.
Et j’ai détourné mon regard et n’ai pas exploré les images de la tuerie.
À la place, je suis allé dans les archives d’abcdetc, et j’ai trouvé à Lahore, à 500 km de Peshawar, une image douce. D’enfants épargnés. Une photo du 19 novembre dernier, publiée à l’occasion de la Journée internationale des enfants. Me demandant pourquoi ce n’était pas tous les jours. Et pourquoi, au lieu de jouer à la guerre, aux méchants ou aux cons, les hommes mal grandis ne choisissaient pas plutôt de jouer dans le soleil couchant. Ou levant. Ou présent. Ou absent…
Demain, je sauterai à la marelle en fumant ma cigarette devant l’endroit où je travaille et où l’on me paye. Et où la connerie a au moins le mérite de ne pas tuer, sauf symboliquement… Et j’oublierai un moment l’horreur et la lâcheté. En pensant aux enfants qui… Les enfants qui meurent et les enfants qui jouent.
(Photo Arif Ali)
“J’ai le cœur brisé par cet acte de terreur insensé commis de sang froid [et] comme des millions d’autres à travers le monde, je pleure ces enfants, mes frères et sœurs”, a déclaré hier Malala Yousafzai, la toute jeune Prix Nobel
I am Malala… C’est la chanson enregistrée par les Girls of the World (Juliana Joya, Emily Anne et Carmen Amare) qui l’ont également chanté le 11 décembre dernier lors du Concert du Prix Nobel de la Paix à l’Oslo Spektrum. Un hommage comme un autre…
ABOMINABLE ! Je ne regarde même pas le dictionnaire des synonymes pour chercher un mot plus fort…
Mais, au nom de quel soit disant dieu certains sous-hommes peuvent-ils être amenés à des actes aussi abjectes et aussi lâches ? Je ne chercherais pas de synonymes non plus.
Merci pour la photo et la musique JR, mais cette fois ni l’une ni l’autre ne suffiront à tempérer ce regard sur les horreurs de notre monde.
il le faut pourtant, ce regard qui cherche le meilleur (merci aussi de votre article)
Je me souviens de l’image que tu nous envoyais avec « Une ombre d’espoir » le 27 Septembre dernier ! Autre ribambelle…
Mais, entre lever ou coucher de soleil, y en a t’il vraiment une ?
Une ombre ?
Bien sûr qu’il y a une ombre, Richard, pour nous rappeler que le soleil et sa lumière sont là.
Et toujours cette trace imperceptible parfois d’espoir qui, malgré nos impuissances et nos hurlements, vient nous rappeler qu’il est parfois de notre possible, au plus près de nous, dans nos quotidiens, avec juste assez de conviction.
C’est une citation que j’ai déjà écrite quelque part mais qui me tient souvent compagnie :
“Le peu qu’on peut faire, le très peu qu’on peut faire, il faut le faire, pour l’honneur, mais sans illusion.” Théodore Monod
J’oublie pourtant toujours ce qu’est l’honneur et je transforme la fin par “sans illusions mais avec détermination”.
La vie nous transforme… même les phrases des autres.