Décidément je nage en pleine confusion.
En voyant l’image du jour, j’ai d’abord cru que l’enfant qui nous tendait les bras sur la photographie arborait un large sourire. Comme je les aime.
C’est une nouvelle fois, en lisant la légende qui accompagnait l’image, que j’ai réalisé mon erreur en apprenant que le garçon aux bras tendus vient de perdre son frère dans une attaque aérienne menée contre les troupes rebelles de Maaret al-Numan, à 75 km au sur d’Alep.
Et qu’il réagit (reacts)… Comme réagissait il y a un mois, la femme sortant des décombres et que j’avais pris pour une comédienne, dans une nouvelle confusion. Avec la même poussière qui le recouvre et sans doute dans la même … confusion après ce qu’il vient de vivre, l’horreur qui vient de le frapper.
Et, une fois de plus, je réalise qu’à travers les images, il est parfois difficile de détecter le moment que vivent ceux qui y figurent. Une fois encore, je ne peux qu’essayer de comprendre comment une vie s’effondre en même temps que l’immeuble où elle a failli disparaître. Tenter d’imaginer que la vie d’après peut se reconstruire dans les décombres. Espérer que le garçon de Maaret al-Numan recevra ce que ses bras réclament : le secours, le réconfort, la consolation, la paix ?
Elle semble tellement inespérée encore la paix dans ce pays en guerre depuis trop longtemps et où l’on s’étonne parfois qu’il reste des immeubles à détruire. Et des vies à foutre en l’air. Comme celle du jeune garçon au frère mort et de tant d’autres habitants de la région frappés par les attaques aériennes, syriennes ou russes, dont les photographes de Reuters ont tenté de saisir les conséquences, à travers quelques images d’une sombre galerie qui commence avec ce garçon et dont j’ai reproduit ici les autres images.
Des photos prises entre le 30 mai et le 2 juin dernier. Qui témoignent de l’horreur et de la confusion.
Et je me demande si la confusion n’est pas générale et n’a pas envahi, outre votre serviteur, un monde qui ne sait plus comment réagir.
Pour sauver ce(ux) qui peu(ven)t l’être ? Pour sauver son humanité…
(Photos : Khalil Ashawi, Abdalrhman Ismail)
En essayent de traduire le titre de l’album de Leyla McCalla, A Day for the Hunter, A Day for the Prey, avec mon anglais de cuisine (en surveillant le four, oui), j’ai failli faire un contresens autour de prey. Mais grâce à FIP qui m’a fait découvrir l’artiste étasunienne aux racines haïtiennes, j’évite le ridicule…
Je vous propose donc d’écouter la chanson titre, Un jour pour le chasseur, un jour pour la proie. En priant pour que les jours des chasseurs de Syriens soient comptés. Et que leurs proies survivent.
Oui, horreur tristesse et confusion …. le visage de cet enfant …. et ce qu’il réveille en nous ….