Dire le monde

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Elle se regarde le nombril en disant “Le Monde”.

Ce dicton extrait de mon répertoire familial personnel m’est revenu hier matin. Il s’utilisait jadis plutôt au féminin, en parlant d’une de mes sœurs, mais ça se masculinise si besoin.

En l’occurrence, c’est un certain William (Audureau) qui m’a remis cette phrase en mémoire.

Dans le quotidien vespéral de référence (encore ?) sus-évoqué, ce journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies explique Comment remplir tout un journal avec Pokémon Go” et, après avoir fièrement inventé le néologisme phéméglo (pour phénomène médiatique global) d’énumérer tout un tas d’événements où sont apparus les monstres. Mais de la chasse aux électeurs par Hillary Clinton aux recettes de cocktails de M (le magazine de référence ?), je n’ai pas aperçu mention d’un enfant syrien… Je me doutais bien qu’on lisait moins abcdetc à la rédaction du Monde que l’inverse, il m’arrive encore d’être surpris (déçu, atterré?) du regard sélectif sur l’actualité de mes confrères.

Bref.

Un autre néologisme, pas inventé pour l’occasion, parle de la peur de passer à côté d’une information. On appelle ça paraît-il le FOMO (Fear Of Missin Out, en bon français tel qu’on le parle à l’époque de la mondialisation).

Mais il semble finalement à géométrie variable.

Comme dans Le Monde (oui toujours) où, dans la lettre d’information (newsletter pour les mondialistes) que j’ai reçue hier matin, la hiérarchie de l’information reléguait l’Afghanistan après le recueillement à Munich, les élucubrations de François Fillon, le rassemblement pour la démocratie en Turquie, le sort de la “lanceuse d’alerte” russe Yulia (Ioulia ?) Stepanova et les menaces de Donald Trump de contrôler les Français (pas pour dopage mais pour menaces terroristes).

La loi de proximité.

Et une certaine habitude de voir les Afghans se faire exploser régulièrement les uns les autres depuis tant d’années que cela devient tellement banal qu’on ne va pas en faire un gros titre. Ce qui évite au passage de rappeler le lien entre les guerres occidentales là-bas ou en Irak et leurs conséquences sur la bonne santé de l’État islamique…

Et puis, avec 80 morts “seulement”, l’attentat de samedi reste en-dessous de notre sale salade niçoise…

Il a frappé la communauté hazara chiite, dont les représentants manifestaient par milliers dans la capitale, pour protester contre la discrimination dont ils sont victimes.

Hier, l’Afghanistan leur a accordé une journée de deuil national.

Aujourd’hui, abcdetc partage avec eux encore un peu d’espoir. En montrant sur la photo du jour, plutôt que des corps déchiquetés, la main d’un des manifestants brandie, avant l’attentat, sur laquelle on devine le désir de justice.

Qui lui reste vivant !

(Photo : Rahmat Gul)

C’est tout nouveau, ça va bientôt sortir. Après quelques années comme ministre de la Culture du Sénégal, Youssou N’Dour nous annonce son nouvel album (Africa Rekkk, le 34e !) pour novembre prochain. Et nous offre une chanson pour nous faire patienter. Be Careful met en garde les jeunes filles contre les garçons peu fréquentable. Ça doit inclure les djihadistes de tout poil !