La photo du jour a été prise le 8 octobre 2016. Il y a presque deux mois.
Le photographe yéménite, Mohammed Huwais, a publié vendredi dernier un billet dans la rubrique “making-of” de l’afp, dans lequel il raconte les circonstances de son reportage sur les ravages d’un bombardement de l’aviation saoudienne sur une cérémonie funéraire à Sanaa. Un bilan de 140 morts et plus de 500 blessés. Ou comment ajouter de la mort à la mort… Cynique.
“Je me souviens d’avoir remarqué une main qui émergeait des débris. Comme un appel à l’aide, comme le geste d’un homme se noyant en mer, un réflexe pour attirer l’attention”, raconte Mohammed Huwais.
Une main tendue. Comme celle avec laquelle on aimerait parfois frapper le visage du monde pour qu’il se réveille. Ou cogner la tête de ceux qui se prétendent responsables et qui nous signifient notre impuissance.
Et notre complicité. La France a autorisé l’an passé la vente d’armes à l’Arabie saoudite pour 16 milliards d’euros. Trois fois plus que les États-Unis. Des armes pour bombarder les civils au Yémen, si “besoin” sur les marchés, dans les hôpitaux, dans les écoles, aux mariages. Ou aux enterrements.
En pleine vie.
Une main pour serrer le poing. Pour demander pardon. Pour espérer offrir autre chose.
L’homme de la main est mort, comme 140 personnes ce jour-là. Comme plus de 7000 civils depuis le début de ce conflit, tellement à l’arrière plan de la guerre syrienne toute proche. Des millions d’autres Yéménites survivent grâce à l’aide alimentaire. Ou meurent de faim quand elle est insuffisante.
Dans un pays qui, comme le dit Mohammed Huwais en conclusion de son texte, peut être “joyeux et magnifique”. On le croit. On a envie de le croire.
Et de hurler. Et de se taire. La main tendue pour recueillir une goutte de paix, de joie, de beauté. Dans ce monde “joyeux et magnifique”.
(photo : Mohammed Huwais)
Il n’est jamais trop tard pour un peu de beauté.
J’ai découvert hier (par hasard comme souvent) le musicien angolais Bonga, lequel vient quand même de publier, à 74 ans, son 31e album, intitulé Recados De Fora (Messages d’ailleurs).
Une belle musique pour accompagner le silence.
Tu nous gâtes JR, de la joie et du bonheur tous les jours, même si je n’ai pas trop de temps à consacrer à tes billets en cette période de pré-festivités. Tellement solicité, des affiches, des prospectus, des mails, des messages radiophoniques etc… Tant de bien-être, tant de choix, vestimentaire, audio, hi-tech, culturel, gastronomique, j’en perds la tête. Il faudrait pas lui mettre un peu de crème hydratante à cette main tendue et un gant ? Elle va s’abîmer toute la peau. Pas mal ce Monsieur BONGA, sodade et fado, Mélancolique à souhait.