Pirouette, cacahouète

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Pas facile d’échapper au bouillonnement médiatique hexagonal pour un blogueur à l’ambition internationale. Et j’ai comme l’impression qu’avec les échéance électorales qui approchent (premier tour de la présidentielle dans moins de trois mois) ça ne va pas s’arranger.

Ainsi hier, pour échapper à la tentation de m’énerver devant un débat entre frères ennemis socialistes, je suis allé au cinéma, voir en avant-première Chez nous, en présence de son auteur, Lucas Belvaux. Que je n’ai même pas rencontré, partant avec le débat. Et pas seulement pour vous préparer ce billet quotidien. À quoi aurait-il servi que je lui dise que j’avais adoré sa trilogie Un couple épatant, Cavale et Après la vie, il y a 13 ans. Déjà ? Et que je doutais de l’utilité de son plaidoyer du jour et surtout de son impact sur les futurs électeurs de la blonde extrémiste. Pas plus que ça envie de passer (encore) pour un rabat-joie. Et quelle utilité que je lui fasse remarquer mon étonnement en tête du générique de fin de la décoratrice du film, une certaine Frédérique Belvaux, dont ce traitement de faveur pour une homonyme (dont je n’ai pas retrouvé le lien de parenté avec l’auteur, mais j’ai comme un doute…) laisse une dernière impression désagréable à la fin d’un film qui dénonce – entre autres – un certain népotisme en politique. Acceptable dans le milieu cinématographique ?

Je sais… Je ne suis peut-être pas un rabat-joie, mais assurément un sacré râleur. Un indigné ça aurait plus de panache, non ?

Bref.

De quoi parler après ça ?

J’ai donc exhumé une photographie des archives fort mal tenues de ce blougui. Une photographie toute fraîche, puisqu’elle date de … lundi 23 janvier, où le président philippin, Rodrigo Duterte, recevait chez lui les 86 candidates au concours de Miss Univers qui se déroulera dimanche prochain à Manille. En même temps que le second tour de la primaire (de gauche, socialiste, de la belle alliance populaire ?), je sais…

D’univers, j’ai évité de passer à revenu universel et, remarquant au passage que cet homme violent et criminel était bien petit à côté de ces marcheuses (moins nombreuses que celles du week-end dernier), je suis resté pensif devant la douceur des propos d’un homme plutôt habitué à une outrance verbale et volontiers vulgaire. Mais il paraît qu’on lui avait dit de “surveiller [son] langage” :

“Dieu est si bon. En dehors des soucis de gouvernance et des problèmes dans le monde, quand on vous regarde, on oublie l’univers, on ne voit que vous”, a donc flagorné le président, avant d’ajouter que le concours de fin janvier était “une chance pour vous d’avoir un impact, d’inspirer le changement, et même d’être le changement que vous souhaitez voir dans le monde”.

Une référence divine plus une citation de Gandhi. J’en suis resté coi…

En me réjouissant des femmes du monde en marche (sans aucune référence politique…) du week-end dernier, je ne pensais pas du tout aux misses… Univers, Monde ou … Earth !

Et ce ne sont pas les propos doucereux d’un président qui fait juste une pause dans sa violente croisade anti-drogués qui vont me convaincre. Ni ceux de notre candidate hexagonale, Iris Mittenaere, dont je ne résiste pas à partager avec vous le clip de promotion.

Mais que voulez-vous ? Je reste un râleur.

(Photo : Erik De Castro)

Et la musique ?

Ah oui…

Une malencontreuse erreur technique ayant désactivé, jusqu’à fort tard hier, la vidéo proposée par une commentatrice que je remercie, je vous repasse ici cette chanson interprétée par la chanteuse et activiste israélo-canadienne Yael Deckelbaum, Prayer of the Mothers, qu’elle a réalisée avec les femmes du mouvement Women Wage Peace…

…qui m’ont semblé incarner tellement plus que des misses à Manille le changement qu’elles souhaitent voir dans le monde. Et qui m’ont adouci à mon tour.

Je ne suis un râleur, juste trop sensible.