“Ça pourrait être pire…”
Dieu sait que je déteste cette phrase toute faite qui me semble toujours un appel à la résignation, voire à la soumission. En attendant de prendre la place du dernier dans la longue file des souffrants ou des opprimés, et d’avoir le droit – enfin – d’ouvrir sa gueule ? Si on en a encore la force…
Tout ça pour dire que, malgré mon évitement à l’évoquer, la photo du jour a fait écho avec la situation intérieure de mon pays*.
Et pas seulement à cause des beaux yeux (et du beau foulard fort symbolique) de cette manifestante qui participait mardi à une marche dans les rues de Santiago parmi quelques milliers d’autres femmes (et quelques hommes) défilant “por un aborto seguro, libre y gratuito”.
Un avortement sûr, libre et gratuit ?
Je me suis souvenu que ce droit, dont on s’est rappelé dernièrement de la conquête chez nous à l’occasion du décès de Simone Veil, n’était pas encore un droit universel.
Au Chili, l’avortement est pénalisé depuis 1989, cadeau de Pinochet juste avant de quitter le pouvoir, auquel sont très attaché les plus conservateurs des réactionnaires. Et notamment l’église catholique.
Le sénat a adopté récemment une loi, fort restrictive, dépénalisant l’avortement dans trois cas précis (viol, danger pour la femme enceinte, fœtus non viable). Mais les députés ont dû trouver que c’était encore trop laxiste et ont retoqué le texte.
120 à 160.000 femmes par an vont donc encore être condamnées à un avortement clandestin avec le risque supplémentaire d’une condamnation à une peine d’emprisonnement de 3 à 5 ans.
70% des Chiliens se déclarent favorables à la dépénalisation de l’avortement, que défend également la présidente Micelle Bachelet. Mais les députés conservateurs entendent se battre jusqu’au bout contre le droit des femmes à disposer de leur corps. Menaçant même de saisir le Tribunal Constitutionnel, dont le nouveau président, Ivan Arostica, qui entrera en fonctions le mois prochain est un farouche opposant à l’IVG…
Le combat continue.
(Photo : Martin Bernetti)
* En France où la loi autorise l’avortement, le budget du Secrétariat d’État en charge de l’égalité entre les femmes et les hommes vient d’être amputé de 25%.
J’étais content de trouver de nouveau une coïncidence entre le pays de la photo du jour et celui de la musique qui l’accompagne.
Mais je suis arrivé à peine trop tard, puisque la dernière date française de la tournée européenne de Chico Trujillo était hier soir à Paris.
Vous pouvez toujours les rattraper dans d’autres villes si vos vacances passent par le Portugal, l’Angleterre, l’Allemagne, les Pays-Bas ou la Hongrie. Ou fermer les yeux en faisant comme si vous y étiez. Mais ce serait dommage, la vidéo est aussi jolie que la musique est entraînante.