Prospérité

Slide 1

“Hélas ! Les hommes manquent souvent d’imagination, très peu osent franchir la limite qui les sépare d’eux mêmes. Ils ne conçoivent pas qu’à chaque instant une autre vie, riche en possibilités s’offre à eux au-delà de la respectabilité et du conformisme. De ce manque d’imagination les plus doués et les plus orgueilleux restent inconsolables.”
Niki de Saint Phalle, Mon secret

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Je cherchais une citation – toujours introuvable – de Niki de Saint-Phalle, à propos du bonheur qui peut aussi être une provocation, quand j’ai trouvé l’exergue du jour.

Qui finalement s’accorde bien aussi à la photographie qui est arrivée jusqu’à moi, en provenance de La Paz, en Bolivie.

À cause de cette imagination bien sûr, après laquelle je cours et qui m’échappe tellement, s’entremêlant de trop de pensées disparates et parasites. Et de mon inconsolation que j’espère toujours provisoire, depuis le temps que je tente de lui échapper. Avec toujours un souffle, un soupçon, un éclat de rêve d’enfance qui m’évite le désespoir.

À cause des couleurs dont j’ai tellement besoin, comme ce monde que je parcours du regard et qui m’apparaît trop souvent en noir. Et où je voudrais parfois ne voir que les éclats, les éclairs, les soupçons de bonheur. Comme une résistance, une détermination à la lutte, une provocation depuis la barricade des mots qui ne me protègent pas toujours.

À cause des tarots aussi, auxquels Niki de Saint-Phalle a rendu plus qu’un hommage dans son Giardino dei Tarocchi, au sud de la Toscane. Et de ce personnage dont j’ai cherché quel arcane il m’évoquait : Le Bateleur et tous les imaginaires possibles dont il dispose et qui a encore tant à apprendre pour bien s’en servir ? Le Pendu, à cause de toutes ces possessions encombrantes ? L’Ermite, d’avant qu’il ait identifié son essentiel ?

À qui faire correspondre ce personnage d’Ekeko, “dieu de l’abondance, de la fécondité et du bonheur dans la mythologie inca”, m’a sobrement expliqué wikipedia et dont vous trouverez la légende bien plus détaillée sur ce site consacré à la Bolivie. À moins que vous n’alliez écouter ces trois minutes de reportage diffusé naguère à la radio.

Reportage où l’on apprend que si “le père Noël, c’est pour les enfants, en revanche, l’Ekeko c’est pour les grands et les petits, pour tout le monde”. Et que c’est pour ça qu’il est surchargé de cadeaux en abondance pour pouvoir satisfaire tous les vœux !

Alors, j’ai pensé à la Roue de Fortune, aux situations qui finissent toujours par évoluer, au renouveau des regards, à la chance qui revient…

Et je me suis mis à invoquer secrètement cette chance : pour moi, pour vous, pour le monde !

(Photo : Juan Karita)

Si son père – juif – a émigré de l’Allemagne vers la Bolivie en 1939, c’est en Uruguay que Jorge Dexter a vu le jour en 1964. Et s’il vit aujourd’hui à Madrid, il retourne à Montevideo pour enregistrer une musique qu’il espère nourrie d’un “esprit pour bâtir des ponts” avec l’envie de “ne pas crier ni protester, mais ouvrir [son] cœur”.

Ça m’a parlé, comme les tarots.