“Les racistes sont des gens qui se trompent de colère.”
Léopold Sédar Senghor
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En cette Journée mondiale des réfugiés, certains se trompent aussi de mot, comme plusieurs de mes confrères qui parlent abondamment de “crise migratoire”, notre président qui cherche une réponse au “défi migratoire” et même votre serviteur qui, traduisant trop facilement de l’anglais les légendes des photographies de ce blougui, emploie aussi le mot de migrants…
En projetant hier soir quelques réponses de nos concitoyens à l’appel que nous lancent les réfugiés, Amnesty International ne s’est pas trompé de terme.
Car si le migrant a choisi son départ, le réfugié n’a guère le choix. Et si ses raisons de partir sont diverses et parfois multiples – conflits, persécutions politiques, discriminations sociales, religieuses, sexuelles, dérèglement climatique… – elles ne lui laissent guère d’alternative au départ. Partir pour ne pas mourir. Au risque de mourir en route…
Dès lors, le terme de migrant permet d’introduire une certaine confusion ainsi qu’une distinction insidieuse entre les “bons” demandeurs d’asile et les migrants économiques. Comme si mourir de faim dans un pays en paix mais dévasté par la pauvreté était plus acceptable que de crever sous les bombes.
Alors, oui, il y a bien une crise. L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) nous apprenait hier qu’ils y avait sur notre planète 68,5 millions de personnes déracinées en 2017. Soit 16,2 millions de plus qu’en 2016. Mais 40 millions d’entre elles étant des “déplacées internes” à leur pays, il ne reste “que” 25,4 millions de réfugiés et 3,1 millions de demandeurs d’asile…
…dont 100.412 exactement en France, où seulement 43.000 ont obtenu protection.
S’il y a crise, c’est celle de l’accueil, de l’ouverture, de la conscience humaine. Et peut être d’une mondialisation, tellement vantée par nos penseurs libéraux, mais fort restrictive quand il s’agit d’en traiter les effets boomerang.
Lors de la crise des subprimes il y a 10 ans, les dirigeants d’alors, confrontés à ce “défi”, ont su trouver des milliards pour sauver les banques et la finance mondiale d’un naufrage moins mortel que celui des canots en Méditerranée. Je suis sans doute naïf en pensant qu’on pourrait trouver autant d’argent pour sauver 1 terrien sur 110…
Tant qu’il est encore temps.
Et avant que, suite à la catastrophe économique, écologique et (anti)sociale qui s’amplifie chaque jour dans les pays “riches”, nous ne soyons poussés à l’exil, nous aussi.
Pour aller où ?
(Photos : Geoffroy van der Hasselt, Amnesty International, HCR)
La musique qui apaise. Souvent… Et qu’abcdetc ne refoule pas aux frontières quand elle se diffuse depuis l’Afrique.
La Gambienne Sona Jobarteh est la première femme joueuse de kora professionnelle. Et elle ne démérite pas. Elle a même fondé, avec son père The Gambia Academy of Music and Culture pour transmettre sa technique. Et peut être son talent ?