“La vieillesse est un naufrage.”
Charles De Gaulle
“La vieillesse bien comprise est l’âge de l’espérance.”
“L’un des privilèges de la vieillesse, c’est d’avoir, outre son âge, tous les âges.”
“Quarante ans, c’est la vieillesse de la jeunesse, mais cinquante ans, c’est la jeunesse de la vieillesse.”
Victor Hugo
*
“Préférez-vous être un jeune propriétaire ou un vieux locataire ?” m’interrogeait il y a peu une publicité placardée dans ma ville pour une banque et son crédit immobilier.
Personnellement, je n’ai pas le choix. Et je pense finalement que cette publicité ne s’adressait pas à moi. Ce qui est une nouvelle preuve que je ne suis plus jeune. Et à tous ceux qui – bienveillants et plein de bonne volonté bien sûr – objectent que non ! je ne suis pas vieux, je demande alors qui suis-je donc ?
Je sais et sens bien que je suis vieux. Je vous épargne l’énumération des signes physiques qui ne trompent pas, comme celle de mes souvenirs, même s’ils sont moins nombreux que ceux de Baudelaire (qui mourut à 46 ans dans un siècle où l’espérance de vie ne dépassait pas 50 ans). Et je vous fais grâce de mon “expérience”.
Même si je n’ai aucune intention de vieillir mal (et jusqu’ici tout va -presque – bien), je refuse de céder à la “tyrannie du bien-viellir” et je milite pour que la lutte contre l’âgisme rejoigne les grands combats anti-discriminatoires de l’époque : contre le sexisme, le racisme, le capitalisme et le priapisme (et désolé pour l’homophobie qui ne rime pas en isme).
Il est vrai que le mot vieux sonne … vieux. Et qu’il a été victime de l’épidémie de novlangue de notre époque qu’avait prophétisée George Orwell. Les seniors ou personnes âgées sont aux vieux, ce que les demandeurs d’emploi sont aux chômeurs, les techniciennes de surface aux femmes de ménage, les hôtesses de caisse aux caissières, la fin de vie à la mort, l’oncologie à la cancérologie (tandis que le cancer reste le cancer mais une longue maladie si l’on en meurt…), les malvoyants aux aveugles, la mobilité réduite au handicap (sauf pour les handicapés mentaux, ex-débiles qu’on n’ose désigner comme personnes à mobilité mentale réduite), les plans sociaux aux licenciements collectifs, les SDF aux clochards, les travailleuses du sexe aux putains (et les relations tarifées à la prostitution), les dommages collatéraux aux bavures, la communication au bourrage de crâne…
J’en passe, pour ne pas vous lasser et ne pas perdre complètement le fil. (Mais, si vous souhaitez apprendre les mots nouveaux du “néo-crétinisme”, je vous renvoie à cet excellent abécédaire que je n’ai pas fini d’explorer.)
Bref. Appelons un chat un chat et revenons à nos moutons.
75 chats, 55 chiens, 7 chèvres, 5 brebis, 4 poneys, un unique âne et un seul cochon sont hébergés au refuge tenu depuis 2000 par Valérie et Serge Luycx, à Chièvres en Belgique. 150 animaux retraités, tous âgés de plus de 10 ans, dont les maîtres sont décédés ou partis eux-aussi en maisons de retraite. Et qu’on laisse tranquillement vieillir. D’ailleurs le refuge s’appelle les Petits vieux.
J’aimerais bien, moi aussi, pouvoir vieillir tranquillement. Et aussi, même si je n’ai pas vraiment l’intention de devenir un vieux cochon, qu’on me courre après pour me câliner, comme le fait Valérie Luycx avec Pastis le porc vietnamien des Petits vieux.
(Photos ; Yves Herman)
PS : Le même Yves Herman est aussi l’auteur d’un récent reportage chez un autre compatriote, Gilbert Rassart collectionneur de nains de jardins (que personne n’a encore osé rebaptiser personnes de petite taille en espace cultivé).
Il était Belge et il est mort avant d’avoir eu le temps de beaucoup vieillir. Mais il a pourtant bien chanté la vieillesse.
Jacques Brel en quatre chansons d’actualité :
- Les Vieux (1963)
- La Chanson des vieux amants (1967)
- La la la (1967)
- Vieillir (1977)