“Le pire dans le pire, c’est l’attente du pire.”
Daniel Pennac
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Je sais, j’ai déjà cité Pennac il y a un mois à peine. Mais je suis comme l’actualité : je radote, bégaye et me répète.
Mais je tente de m’améliorer, tandis que l’actualité empire.
Ainsi, cela fait des jours que mes confrères nous préparent au pire dans la région d’Idlib, la dernière enclave syrienne encore hors de contrôle des armées de Bachar al-Assad et de ses alliés, qui s’apprêtent à une dernière offensive pour en chasser les derniers opposants au régime.
Et 3 millions de civils. Dont la moitié sont déjà des déplacés internes. Qui s’interrogent…
“Qu’est ce qu’on va faire ? A chaque fois, ça nous poursuit et on s’échappe. Où est-ce qu’on irait ? On ne peut pas aller plus au nord. On est coincés ici.”
En écoutant les préparatifs de cette attaque, les nouvelles qui s’égrènent chaque jour, comme un bulletin météo tragico-cynique.
ils sont déjà plusieurs milliers à avoir fuit la zone des combats vers une Turquie qui ne peut plus et ne veux plus les accueilli et où ils n’ont sans doute pas plus envie que ça d’aller vivre en camp de réfugiés.
Les autres, ceux qui restent… se préparent. Comme ils peuvent. Notamment à une attaque chimique, toujours possible malgré les protestations et les avertissements de la “communauté internationale” toujours impuissante à prévenir le massacre annoncé qui pourrait être “la pire catastrophe humanitaire du siècle”, selon l’ONU.
Mais il y aurait pire…
Ce matin j’ai entendu monsieur Le Drian notre ministre des Affaires étrangères (autrefois de la défense sous un autre président), s’inquiéter du “risque sécuritaire dans la mesure où dans cette zone se trouvent beaucoup de djihadistes, se réclamant plutôt d’Al-Qaïda, qui sont entre 10 000 et 15 000 et qui sont des risques pour demain pour notre sécurité [car ils] risquent de se trouver dispersés si l’offensive syrienne et russe se mettait en œuvre dans les conditions que l’on imagine aujourd’hui”.
Tremblez pour nous braves habitants d’Idlib.
Puisque pour vous, nous sommes impuissants. Et qu’il n’est même pas sûr que notre ministre étranger aux affaires trouve les moyens de financer… l’achat de gobelets en carton et de bâches en plastique pour fabriquer des masques à gaz afin de protéger vos enfants.
Avant même l’attaque chimique annoncée, j’ai des nausées.
Ça passera. Je sais.
(Photo : Omar Haj Kadour)
En parlant de mort annoncée…
Il y a tant d’années que Rachid Taha promène un talent trop souvent gâché d’alcool et autres substances que c’est presque un miracle qu’il ait atteint 59 ans et une crise cardiaque pour rater son dernier rappel.
Souvenir, pour changer un peu des deux chansons que passe ce soir ma radio nationale.
« ministre étranger aux affaires » : j’adore !
Excellent choix pour le seul morceau qui m’a convaincu de Taha…