“The future’s uncertain, and the end is always near.”
The Doors, Roadhouse blues
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Il m’arrive souvent d’être pessimiste (vous avez remarqué ?) quant à l’état du monde, dont le pronostic vital me semble plus qu’engagé, tandis que les médecins à son chevet rivalisent avec les Diafoirus de Molière.
Mais je conserve une réelle foi en l’humanité à laquelle j’appartiens. Pas vraiment celle des promoteurs d’un progrès technologique qui préserverait plus les profits de ceux qui le défendent que notre intégrité physique, mentale et sociétale. Mais celle des semeurs de différences qui laisse une fenêtre ouverte par laquelle entre un peu d’air.
Quoi qu’il en soit, quoi qu’il advienne, je suis convaincu que le monde futur sera aussi différent de celui d’aujourd’hui que l’est celui dans lequel je vis à cet instant de celui dans lequel je suis né. Je ne vais pas vous énumérer les changements auxquels j’ai assisté, mais je vous rappelle que dans mon enfance j’ai vu pour de vrai les astronautes sur la lune dans une télévision en noir et blanc. Et que je suis né avec De Gaulle qui était assez différent de Macron… Entre autres détails et péripéties.
C’est ce que j’essayais de transmettre (sans succès, bien sûr, l’expérience est un peigne pour les chauves, disait mon père qui n’a pas dit et fait que des conneries) à de tout jeunes parents auxquels je rendais visite ce soir, pour faire la connaissance de leur jeune Marius, dont je leur prédisais que le monde dans lequel il grandirait serait – forcément – différent. Et inimaginable aujourd’hui.
Je me suis un peu trompé, je le reconnais, en prétendant qu’il n’y aurait pas de retour en arrière vers je ne sais quel âge d’or.
Car, en cherchant à mon retour chez moi les images du jour, je suis tombé sur les photographies de Ali Ghomari. Un coutelier yéménite spécialisé dans la fabrication de jambiyyas, des poignards ornementaux que ses concitoyens portent à la ceinture, en signe de prestige et de courage. Et, devant la hausse du prix de l’acier importé de Turquie, Ali Ghomari recycle maintenant celui des missiles que la coalition saoudienne appuyée par les États-Unis déverse sur son pays depuis plus de trois ans maintenant ou des carcasses de véhicules détruits dans les bombardements.
De la bombe au poignard, j’y ai vu comme un possible retour à certains fondamentaux, certaines racines. Peut être par un excès d’optimisme soudain ?
On peut aussi voir le recyclage d’Ali Ghomari comme la transmission d’une tradition, puisque sont père, qui lui a transmis son métier et son savoir-faire, utilisait déjà des débris de chars égyptiens, d’obus ou de roquettes pour fabriquer des couteaux pendant la guerre civile au Yémen de 1962 à 1970.
J’aimerais mieux un avenir sans guerre. Mais même dans un monde pacifié (et en paix avec lui-même) je suis sûr qu’on trouvera longtemps des vestiges à recycler…
(Photos : Hammadi Issa)
La musique aussi est pleine de traditions qui traversent le temps.
J’ai entendu ce titre ce matin à la radio : Pasión, interprété par Rodrigo Leão et Lula Pena en 2000 Et je l’ai retrouvé ce soir, illustrant une milonga dansée par Alejandra Mantinan et Gustavo Russo quelques années auparavant. Et ça se tient…
Waouh… quels danseurs !…. Belle chanson… et un billet qui a goût d’une certaine douceur… malgré les douleurs du temps… Belle journée ouverte alors !