“Dieu puisse utiliser Bolsonaro pour aider notre pays…”
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La citation du jour n’a rien d’historique ni de littéraire. C’est juste un propos de Neymar recueilli par la presse à l’issue du match de football d’hier soir entre l’OM et le PSG (victoire du PSG par 0 à 2).
Au même moment (ou presque), Jair Bolsonaro, lui aussi victorieux (avec plus de 55% des voix, soit près de 58 millions d’électeurs), prononçait son premier discours de président sur Facebook :
“Nous ne pouvons plus continuer à flirter avec le socialisme, le communisme, le populisme de gauche. […] Ensemble, nous allons changer le destin du Brésil” a martelé l’ex-capitaine (pas de football mais de l’armée). Promettant cependant qu’il “défendra la Constitution, la démocratie, la liberté”.
Et il a, lui aussi, invoqué Dieu :
“Cela n’est ni la promesse d’un parti, ni la parole vaine d’un homme, mais c’est un serment devant Dieu.”
Vu mes doutes à l’égard de Dieu, c’est le genre de promesses auxquelles je n’attacherais pas plus d’importance que celles de n’importe quel politique. Mais les Brésiliens sont l’un des peuples les plus chrétiens de la planète. Le poids des évangélistes, naguère soutiens du Parti des Travailleurs, a d’ailleurs pesé dans le scrutin, comme celui des médias (comme chez nous en 2017) qui ont diabolisé la gauche, instrumentalisé la violence, etc.
Je laisse à tous mes confrères le soin d’analyser le coup de tonnerre démocratique d’hier, qui fait écho à l’élection de Donald Trump plus au nord (même si celui-ci est plus adepte de Twitter que de Facebook). Et évoque d’autres victoires de l’extrême droite à venir à travers le monde “démocratique”.
En voyant les images de la liesse populaire qui a accueilli l’élection de Bolsonaro et en lisant ces allusions à Dieu, je me suis juste dit que les Brésiliens avaient bien raison de profiter d’une occasion de faire la fête, eux qui risquent de déchanter dans les semaines, les mois ou les années à venir. En tout cas les 100 millions d’entre eux qui sont juste aussi riches que les 6 Brésiliens les plus fortunés, selon un récent rapport d’Oxfam.
J’ai un doute sur la justice divine comme substitut efficace à l’injustice sociale…
Mais je ne suis pas un analyste spécialiste du Brésil et je peux me tromper. Après tout, Hitler a fait beaucoup pour le redressement de l’économie allemande.
Et le pire n’est jamais sûr, dit on. Comme Dieu.
(Photos : Ricardo Borges, Rodolfo Buhrer, Leo Correa, Nacho Doce, Silvia Izquierdo, Sergio Lima, Buda Mendes, Ricardo Moraes, Sergio Moraes, Victor Moriyama, Pilar Olivares, Eraldo Peres, Amanda Perobelli, Mauro Pimentel, Miguel Schincariol)
Un peu plus au nord dans le grand continent américain se trouve Belize. Un pays dont abcdetc parle peu, si ce n’est pour proposer d’écouter une nouvelle fois The Garifuna Collective. La chanson du jour a pour titre Ubóu (Le Monde) :
La pluie, l’heure d’hiver, et le voile fasciste qui recouvre un peu plus le globe.
Quelle tristesse. La politique par Tweeter & Facebook, la bêtise crasse. L’oubli est plus durable que l’histoire, semble-t-il…
Mais tu as raison : on peut se tromper.
Peut-être qu’en vrai tout ira mieux une fois le monde nettoyé des « populistes de gauche », et puis des « tapettes », et puis des restes de l’Amazonie, et puis, et puis…