“On est bien forcé de croire au doigt de Dieu quand on voit comme il se le met dans l’œil.”
Jean Richepin (1849-1926), Les Blasphèmes
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Non, je n’ai pas trouvé de citation de Patrick Juvet pour introduire cet article. Pour dire la vérité, je n’ai pas cherché. J’ai juste vérifié qu’il n’était pas mort. On ne sait jamais.
Mais en voyant les images du jour, c’est la première pensée qui m’a traversé : “Où sont les femmes ?” Et la question s’est imposée comme titre.
Des milliers de musulmans (au masculin pluriel) manifestent donc depuis 3 jours au Pakistan pour protester contre l’acquittement par la Cour Suprême pakistanaise d’Asia Bibi, condamnée à mort en 2010 pour blasphème.
Moi qui ne me prive pas de m’en prendre à un Dieu auquel je mets encore une capitale par réflexe typographique mais dont je doute de moins en moins de l’inexistence, je pensais que le blasphème n’existait plus depuis longtemps. Mais les islamistes radicaux n’ont pas la même notion du temps que moi.
Ni le même sens de l’humour.
Sur des pancartes, aimablement rédigées en anglais pour mieux se faire comprendre du monde entier, ces fous de Dieu réclament que soit pendue Asia Bibi, signe que la pendaison rime vraiment avec bandaison. Mais pas de la manière dont je le croyais jusqu’ici.
Sur d’autres banderoles, aimablement traduites par certains de mes confrères au Pakistan, on peut lire “prêts à sacrifier nos vies” et l’on a envie de leur dire chiche et de respecter la vie des autres.
Toujours est-il que depuis trois jours le Pakistan est en ébullition en même temps qu’au ralenti, avec de nombreuses routes fermées, comme plusieurs commerces ou écoles, ainsi que le réseau mobile.
Une tempête dans pour un verre d’eau. Car c’est en effet pour un malheureux verre d’eau qu’elle osa boire au puits de son village qu’Asia Bibi fut apostrophée par une voisine musulmane l’accusant d’avoir souillé cette eau et lui aurait alors répondu : “Ton prophète est Mahomet, le mien est Jésus.”
Huit ans de prison dans le couloir de la mort pour ça !? Dieu n’a aucune excuse et j’espère qu’il a honte.
La voisine dénonciatrice n’est cependant pas la seule femme de cette histoire. Dès le début de cette triste affaire, des femmes (accompagnées de quelques hommes) sont descendues dans les rues, comme ici à Lahore, pour demander l’abolition de la loi sur le blasphème et la relaxe d’Asia Bibi.
Mais les minorités ont parfois du mal à faire entendre leurs voix…
(Photos : Muhammad Sajjad, K.M. Chaudary, Banaras Khan, Akhtar Soomro, Nadeem Khawer, Aamir Qureshi, Mohsin Raza, DR)
Un monde d’hommes ?
Coïncidence : au moment où je terminais cet article, la radio m’annonçait la mort d’Hardy Fox, “le leader (anonyme) du mystérieux groupe The Residents”.
Un groupe que les moins de 20 ans seront excusés de ne pas connaître.
En cherchant une chanson de circonstances, je suis tombé sur cette “reprise” de Man’s World en 1986, dont le refrain raconte :
This is a man’s, man’s, man’s world
But it wouldn’t be nothing, nothing
Without a woman or a girl
Pffff, je n’ai même pas mot, je suis choquée … quel monde …
Je préférerais celui des Bisounours parfois je crois (mais d’ailleurs en y pensant il n’y a quasi que des mâles …)
https://m.youtube.com/watch?v=Sd8nU87OCrA
Douce soirée
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