“Ce n’est pas une erreur d’être gentil, mais l’erreur c’est de l’être avec certaines personnes…”
Anonyme
*
Je me suis réveillé tôt, toujours pas calé dans l’heure d’hiver.
En allumant la radio nationale, j’ai été accueilli par un programme musical, qui m’a fait douter d’un mouvement de grève en cours. Merde ! Un samedi… Comment j’allais pouvoir répondre à l’appel, un jour où je ne travaille pas ?
Mais à 6 heures, la normale s’en est retournée, si l’on peut dire, avec le journal… de 6 heures !
Journal qui ne figure pas dans les liens fournis par France-inter (tiens donc ?) mais que je vous résume rapidement.
Ça commençait avec une infox, avec la présentation de la dernière vidéo tournée par L214 dans l’abattoir de Boischaut, dans l’Indre comme “une exclusivité […] qui n’avaient pas vocation à être diffusée”. Une exclusivité pourtant allègrement diffusée sur le web. Et qui devait avoir vocation à l’être, puisqu’il s’agit d’un montage de 4 minutes, à partir de 19 heure de tournage, et que l’association a fait appel à Samaha Sam, chanteuse du groupe Shaka Ponk, pour en assurer le commentaire.
C’est petit et ça passe pas, selon le (presque) diction.
Après un détour par Besançon pour la marche organisée par Solidarités Femmes Besançon, à la mémoire de Razia, jeune femme assassinée par son mari arrêté depuis en Turquie, puis par Lyon pour les violences d’Halloween, puis par Ðiện Biên Phủ, où notre Premier ministre est venu célébrer un “passé apaisé”, le journal s’est terminé à Bercy, avec l’annonce d’une demi-finale de tennis entre Federer et Djokovic pour “leur 47e duel en grand chelem”. Infox vénielle, mais le tournoi de Paris-Bercy (rebaptisé d’une marque de montres dont je ne voudrais pas, même à 56 ans) ne fait pas partie des quatre tournois grand chelem.
C’est petit, ça passe. Mais deux approximations d’info en 5 minutes, c’est prometteur pour la journée qui s’annonce.
Après ce journal “d’informations”, le présentateur enchaîne en souhaitant une bonne fête à tous les Hubert.
Je me uis demandé si ce n’est pas une publicité déguisée pour une marque de beurre. Mais non. J’ai vérifié, c’est bien la saint Hubert. C’est à dire qu’après la Toussaint, la fête de tous, puis la Fête des morts, nombreux, c’est la fête de pas grand monde, puisque le prénom n’a été donné que 14 fois l’an passé. Avec un record de 1418 en 1956 (et 6 femmes en 1962 ?) il ne doit pas y en avoir des masses qui écoutent la radio à 6 heures.
Alors, à cause de l’homophonie, je me suis dit qu’on pourrait aussi bien fêter aujourd’hui la Saint Uber, en hommage à tous les travailleurs exploités par la “nouvelle économie numérique”, ou “économie collaborative” comme l’appelait (à 6h49) le chroniqueur de Café Europe, Stéphane Leneuf, à 6h49. C’est vrai que ça fait plus neuf (mauvais jeu de mots, d’accord) et plus propre pour parler d’une nouvelle forme d’exploitation dans ce monde du travail que veut remettre à l’honneur notre président. Une exploitation que certains sous-traitent à d’autres, selon le principe bien connu qu’il est plus facile d’exploiter plus faible que soi, plutôt que de se retourner contre les plus forts.
Le parlement européen voudrait mieux protéger tous ces précaires, m’a expliqué brièvement le chroniqueur, avant de glisser que, selon la commission tout aussi européenne, “7 millions d’Européens aimeraient pouvoir travailler plus pour gagner davantage”.
Et combien d’Européens aimeraient vivre correctement sans se tuer au travail ? La commission n’a pas pensé à leur demander.
Décidément, une autre fête du travail, à 6 mois de l’autre c’est une excellente idée !
Les photos “du jour” ont été prises lors de manifestations contre Uber à San Fransico et Berlin, en mai 2014, Madrid, Marseille et Paris, en juin 2015, Brisbane (Australie), en septembre 2015, Toronto, en décembre 2015, Bogota (Colombie), en mars 2016, Durban (Afrique du Sud), en avril 2016, Macao, en septembre 2016, Calcutta et Rome, en février 2017, Londres, en septembre 2017, Athènes, Hong-Kong et Istanbul, en mars 2018, New-York, en juin 2018.
(Photos : Katy Steinmetz, Sean Gallup, Angel Navarrete, Christine Poujoulat,
Charles Platiau, DR, Roberto Machado Noa, Leonardo Munoz, Loran Charles, Dickson Lee, Anasuya Basu, Marco Bertorello, Mary Turner,
Alkis Konstantinidis, Xiaomei Chen, Serhat Cagdas, Spencer Platt)
C’est fou ce que la radio nationale m’a cultivé ce matin. J’ai ainsi également appris (outre le rappel que Saint Hubert est le patron de la chasse) que le 3 novembre est la Journée internationale de la gentillesse. Ce qui, si je calcule bien, lasse le champ libre à 364 jours de méchanceté.
Et ma mémoire a été assez gentille pour me permettre de retrouver rapidement une de mes phrases cultes (grâce aussi à Curtis Taylor que je remercie de sa gentillesse d’avoir mis en ligne F comme Fairbanks) où André (Patrick Dewaere) demande à Marie (Miou Miou) :
“Je voudrais aller aux Antilles où les filles sont zentilles, s’il vous plaît…”
C’est à 21’35 de la vidéo pour ceux qui ne voudraient pas (re)voir le film en entier.
Mais j’ai eu plus de mal à trouver des chansons “gentilles”. La sélection du weekend est donc réduite. Mais de grande qualité !
Avec :
- Ça compte aussi la gentillesse, par Dorothée en 1984
- Le Championnat d’Europe de la Gentillesse, relaté dans l’émission Merci Bernard ! en mai 1983
- The Magic of a Kind Word, par Belle and Sebastian en 2006
- A Touch of Kindness, par Elliott Murphy en 2007
Tout cela date un peu et témoigne peut être autant de mon manque de culture que d’une certaine ringardisation de la gentillesse. Mais si vous voulez démentir mon pessimiste, proposez vos chansons gentilles en commentaire.