“Il n’est pire eau que l’eau qui dort.”
Proverbe
“Mon Dieu ! sa sœur, vous faites la discrète,
Et vous n’y touchez pas, tant vous semblez doucette ;
Mais il n’est, comme on dit, pire eau que l’eau qui dort,
Et vous menez sous chape un train que je hais fort.”
Molière, Tartuffe, Acte I, scène 1
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Je remercie Jean-Baptiste Poquelin de m’avoir permis une citation un peu plus littéraire pour succéder à un titre tiré emprunté aux phrases toutes faites du bon sens commun, doublé d’un proverbe tout aussi hasardeux et inexact.
Car il est pire que l’eau qui dort. Il y a l’eau qui manque.
Ce matin à cause d’un réveil trop précoce, je suis arrivé devant mon café avant le début de la matinale de France-Culture que j’écoute habituellement. J’ai donc fait un détour par France-Inter, où j’ai été accueilli par un reportage de Manuel Ruffez à Grange-Narboz, tout près de la Cluse pour ceux qui connaissent, et pas bien loin de Pontarlier pour les autres.
Le journaliste tendait son micro à Michel qui, avec son camion-citerne de 30.000 litres, effectue quelques 5 ou 6 voyages par jour (depuis je ne sais où) pour remplir le réservoir d’eau de cette commune de 1200 habitants, dont l’une exprimait ensuite son inquiétude au même micro :
“Quand j’utilise le robinet, je pense toujours à ce manque d’eau. C’est stressant.”
Pour accompagner ce reportage, quelque peu déprimant malgré l’accès de nostalgie qui me prend dès que j’entends parler du Haut-Doubs dans le poste, la radio nationale me rappelait qu’une trentaine de départements font encore l’objet d’arrêtés préfectoraux de restriction d’eau.
Puis ce fut le moment de l’Invité de 6h20, Guillaume Choisy, directeur de l’Agence de l’eau du bassin Adour Garonne, qui a commencé son intervention en nous annonçant un niveau anormalement bas (51%) des nappes phréatiques de notre pays.
Bref.
J’ai fini par comprendre que France-Inter avait programmé une “Journée spéciale sécheresse” qui se poursuivra avec une édition du Téléphone sonne qui pose cette question angoissante : “Et si l’eau venait à manquer en France ?”
Même si c’est un de mes petits plaisir d’appeler le standard de cette émission, et l’une de mes fiertés de passer (quelques fois par an) à l’antenne, je me suis retenu de décrocher mon téléphone pour évoquer l’image du jour que j’ai trouvée entre ce matin et ce soir.
Une simple photographie d’une jeune fille réfugiée dans un camp à Al-Hodeïda, pas loin d’Aden, pour ceux qui connaissent, au Yémen toujours en guerre. Une jeune fille dont j’ignore le nom, l’âge et combien de voyages elle effectue chaque jour pour aller chercher de l’eau (je ne sais pas où non plus). J’ai juste essayé d’imaginer le poids de tous ses bidons une fois qu’elle les aurait remplis.
Je pense juste que je ne parviendrais pas à les porter. Et que je ne consolerai pas le stress des Grangeard(e)s en leur disant que ça pourrait être pire.
Et que ça le sera.
Lors du 8e forum international de l’eau, qui se déroulait en mars dernier à Brasilia, l’ONU nous annonçait qu’en 2050, 5,7 milliards d’êtres humains (6 sur 10) pourraient vivre dans des régions où l’eau manque au moins un mois par an.
Je ne serai plus là en 2050, mais je pense encore une fois à cette promesse faite à mes enfants à leur naissance (puis à plusieurs autres nouveaux nés proches) que je ferai tout mon possible pour que le monde qui les accueille soit le meilleur possible.
(Photo : Fawaz Salman)
Si je n’ai pas réussi à trouver une chute rigolote, France-Inter n’a peut être pas fait exprès de “dédier”, en même temps que cette “journée spéciale sécheresse”, “une journée spéciale à Vanessa Paradis”, à l’occasion de la sortie de son nouvel album, Les Sources ! Avec bien sûr une écoute “en exclusivité..”
Bon, je ne vais pas vous faire l’inventaire des endroits où l’on peut écouter ces chansons exclusives. Le clip des Mots simples est en ligne depuis la fin du mois dernier.
L’eau, ça m’évoque cette chanson
Je préfère :