Rétrospective, perspective, expectative…

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“Par les soirs bleus d’été, j’irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.
Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l’amour infini me montera dans l’âme,
Et j’irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la Nature, – heureux comme avec une femme.”
Arthur Rimbaud, Sensation – Mars 1870
(mis en musique par Robert Charlebois en 1969)

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Les enfants occupent une place particulière dans les pages d’abcdetc. Les valises aussi, auxquelles j’ai même consacré jadis une des séries de ce blougui (avec les arc-en-ciel, les cerfs-volants, les parapluies, les barbes à papa, les brouettes…)

Il y a eu même au passage quelques photos d’enfants dans les valises (dans les brouettes et sous les arc-en-ciel aussi). À Manille l’an dernier, à la douane entre le Maroc et l’enclave espagnole de Ceuta en 2015, à Bor au Sud Soudan en 2014…

Mais celle du jour m’avait échappé (comme d’autres sans doute). Mais, grâce à une (déjà ?) rétrospective des “meilleures” photos d’une année pas vraiment terminée, elle s’est rappelée à mon attention il y a quelques jours.

Une photographie comme je les aime, d’un moment paisible dans un monde qui ne l’est pas, de cet enfant qui dort paisiblement, dans la valise de son père (sa mère ?) qui l’emporte je ne sais où, mais loin j’imagine des combats qui détruisait la région syrienne de la Ghouta orientale en ce début d’année…

Un enfant comme ce qu’il y a de plus précieux à emporter quand on doit tout quitter.Un enfant, le même, que celui qui illustre la page que l’Unicef consacre aux millions d’“enfants déracinés” dans ce monde.

Même si mon sommeil est souvent moins paisible que le sien, je mesure, en regardant cet enfant, en pensant à ses “semblables”, la double chance que j’ai de savoir mes enfants en sécurité, en prise avec le monde, et de ne pas être déraciné, même si je me sens bien souvent sans racines.

Enfin, en regardant la valise, je pense à celle que je préparerai, dans deux mois, quand je prendrai la route, pour une pause, pour ailleurs, pour je ne sais encore pas vraiment quelle(s) destination(s)…

Mais si je ne sais pas toujours où je vais (ni ce que je ferai quand je serai grand), je crois bien que, pour le coup, je suis comme notre monde.

(Photo : Omar Sanadiki)

C’est en voyageant au hasard sur le web, que j’ai trouvé, chez un confrère qui propose lui aussi – le mardi – une rubrique de reprises, une toute belle réinterprétation de Purple Rain, par Kwayedza Kureya, alias KWAYE.