“Faut-il qu’il m’en souvienne, la joie venait toujours après la peine.”
Guillaume Apollinaire, Le pont Mirabeau (1913)
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Je dis volontiers que je suis né juste avant la fin de la dernière guerre. Ce qui introduit une certaine confusion sur mon âge ou un doute sur mon aveuglement à voir tous les conflits qui ont enflammés le monde (et continuent de le ravager) depuis ma naissance. Mais je parle bien sûr de la guerre d’Algérie. Je suis donc né alors que la colonisation n’était pas achevée. Et la décolonisation a-t-elle vraiment abouti ?
Bref.
C’est peut être une nouvelle étape dans l’indépendance du pays et de son peuple que vit ces jours-ci l’Algérie. L’avenir le dira. Quoi qu’il en soit, les Algériens fêtent depuis mardi la chute d’Abdelaziz Bouteflika, qui leur a même demandé pardon.
Mais la joie des milliers de manifestants qui sont descendus, une fois de plus dans les rues du pays, ne les empêchent pas d’être lucides et de maintenir la pression sur ceux qui continuent de détenir un pouvoir pas vraiment démocratique.
“Bouteflika n’est qu’un détail”, glissait mardi soir un Algérois au micro de mes confrères de RFI. Et chacun sait que “la route est encore longue” vers la liberté.
En attendant la suite des événements qu’on souhaite heureuse, rien n’empêche de partager la joie, les sourires et l’espoir.
(Photos : capture d’écran télévision algérienne, Ramzi Boudina, Anis Belghoul,
Ryad Kramdi, Toufik Doudou, Billal Bensalem, Ammi Louiza, Arslane Bestaoui)
À chaque révolution cette chanson. Je ne sais pas si ce proverbe que je viens d’inventer se vérifie à chaque fois, mais la révolution algérienne en route a son hymne depuis le 1er mars dernier, à l’initiative de 4 artistes, Amine Chibane, Aboubakr Maatalla, Mina Lachter et Amel Zen, rejoints pas une trentaine d’artistes pour enregistrer la chanson Youm El Chaab ou Le Jour du Peuple (et non Libérez l’Algérie comme l’annoncent trop de mes confrères influencés par le refrain…)
Bref.
Une belle chanson, dont on souhaite au peuple algérien qu’elle soit prémonitoire et que la liberté ne soit pas illusoire.