Résister (aussi) au pessimisme

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“C’est ça la vie […] Avec ce que les uns dépensent pour faire leurs besoins bien à leur aise, les autres on aurait de quoi manger pour un an. C’est bien ça ! Les guerres, on devrait les faire pour qu’il y ait moins de gens qui fassent leurs besoins bien à leur aise et que le reste puisse manger un peu mieux.”
Camilo José Cela, La Ruche

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C’est un beau cadeau d’anniversaire. Quand même.

Samedi, alors que je fêtais – enfin – l’anniversaire de mes enfants (nés en septembre…), l’ONU célébrait ses 75 ans. Déjà…

Je ne vais pas faire le bilan de toutes ces années, ni l’inventaire de tout ce qu’il reste à faire pour que l’humanité s’unisse vraiment au-delà des nations. J’ai beau avoir en poche ma carte de Citoyen du Monde, je n’ai pas toujours la force, ou la naïveté, de croire en une mondialisation alternative. Et de discuter de laquelle.

Samedi donc, pour accompagner cet anniversaire, le Honduras a été le 50e pays à ratifier le TIAN : Traité sur l’interdiction des armes nucléaires, à ne pas confondre avec un plat provençal.

Plus de trois ans après son adoption en assemblée générale, le 7 juillet 2017, par le vote favorable de 122 pays, cette ratification par 50 États permet l’entrée en vigueur du Traité dans 90 jours, soir le 22 janvier 2021.

À partir de cette date l’utilisation, le développement, la production, les essais, le stationnement, le stockage et la menace d’utilisation des armes nucléaires seront totalement prohibés par le droit international.

Comme l’usage des bombes à sous-munition par l’Azerbaïdjan contre les civils du Haut-Karabakh. Ou comme la colonisation de la Palestine par Israël. En tre autres.

Je sais, vu comme ça, ce n’est pas fait pour ajouter de la confiance en l’avenir. Mais je peux faire un effort d’optimisme et me dire que c’est mieux que rien et que ce cadeau d’anniversaire est arrivé, malgré l’abstention des puissances nucléaires, officielles (États-Unis, Russie, Royaume-Uni, France, Chine), officieuses (Inde, Pakistan, Corée du Nord) ou discrète (Israël), et les pressions qu’elles exercent depuis 3 ans sur les “petits” pays pour qu’ils ne ratifient pas le TIAN,

Et que, grâce à quelques pays courageux (Guyana, Thaïlande, Vatican, Mexique, Cuba, Palestine, Venezuela, Palaos, Autriche, Viêt Nam, Costa Rica, Nicaragua, Uruguay, Nouvelle-Zélande, Îles Cook, Gambie, Samoa, Saint-Marin, Vanuatu, Sainte-Lucie, Salvador, Afrique du Sud, Panama, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, Bolivie, Kazakhstan, Équateur, Bangladesh, Kiribati, Laos, Maldives, Trinité-et-Tobago, Dominique, Antigua-et-Barbuda, Paraguay, Namibie, Belize, Lesotho, Fidji, Botswana, Irlande, Nigeria, Niue, Saint-Christophe-et-Niévès, Malte, Malaisie, Tuvalu, Jamaïque, Nauru, Honduras) on a le droit de croire à un monde moins violent. A un nouveau pas vers la paix. À “un nouveau chapitre du désarmement nucléaire”, comme l’a salué Beatric Fihn (à gauche sur la photo), la directrice de l’ICAN (International Campaign to Abolish Nuclear Weapons ou Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires), coalition d’ONG lauréate du prix Nobel de la Paix en 2017.

Cette année, le lauréat du prix Nobel de la Paix est le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU. Lequel, “dans un contexte de multiplication des crises humanitaires”, a fixé ses besoins de financement à 10,6 milliards de dollars pour cette année.

Selon les estimations, les dépenses mondiales pour l’arme nucléaire représentent  encore au moins 100 milliards de dollars par an.

(Photos: ICAN/Aude Catimel)

De petits pays en Petit pas.

J’ai reçu ce matin la lettre d’infos de mon amie brestoise, Leonor, qui salue un ami disparu, fête ses 20 ans ( de compagnie), nous évoque encore la mer et appelle à résister.

Du coup, je suis allé chercher l’origine de cette chanson, hymne espagnol de cette époque épique, qui  a traversé la frontière

  1. Avec la version originale de 1988, inspirée par une phrase de l’écrivain Camilo José Cela (voir aussi exergue du jour)  : “Celui qui résiste gagne”
  2. Une reprise en 1990, dans Attache-moi (Átame!) de Pedro Almodovar
  3. Une re-création de mars 2020 par l’Orquesta Jamaica Show
  4. Un tout nouvel enregistrement
    (auquel j’ai modestement participé en débouchant la baignoire que l’on voit au début ; on résiste comme on peut)