“J’me souviens comme si c’était hier
Des journées de colères profonde…”
Gauvain Sers – Comme si c’était hier
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La citation du jour est là un peu à cause du titre, lui aussi du jour, qui évoque demain. Et aussi de la colère des jours de maintenant. Et puis elle m’a permis de faire la connaissance de Gauvain Sers qui n’était jamais passé par ici. Ce qui est arrivé à beaucoup.
Et ce titre du jour, qui évoque demain, n’est pas là seulement à cause du calembour que je ne traduirai pas et tant pis pour ceux auxquels il aura échappé (je ne dis pas celles auxquelles, je sais pourquoi…). Ni parce que nous connaîtrons demain la suite des aventures pseudo-démocratiques de la plus grande démocratie du monde. Même si les Indiens sont plus nombreux. Non, pas ceux d’Amérique.
C’est que demain, mardi, dans notre démocratie quelque peu sous surveillance et en état d’urgence, nous sera communiquée, par la voix (comme la voie) gouvernementale, la liste des “produits non essentiels” qui seront désormais interdits à la vente dans les grandes surfaces comme dans les petits commerces. Pour le plus grand bonheur des marchands en ligne…
Sans attendre demain, et sans dévoiler de scoop, je suis au regret de partager avec vous ce triste constat : la culture n’est pas “essentielle”. N’en déplaise à tous les artistes. De tous pays. Comme en Italie sur l’image du jour, là haut. Ou aux professeurs qui ont assuré aujourd’hui la rentrée et qui pensaient remplir une autre mission que le simple gardiennage des enfants dont les parents s’en vont continuer de produire des choses essentielles.
Bref.
Quand le cinéma, la lecture, la musique et le spectacle … vivant sont condamnés, sommes-nous encore vivants ?
Vous n’êtes pas obligés de répondre.
Ces corps allongés devant le parlement espagnol dimanche posent une autre question. Que j’ai trouvée non sans rapport. Et pas seulement grâce à mon maniement habile des fils en aiguille.
En ces temps d’hyper-protection contre le virus, au risque de laisser mourir des parts non négligeables de ce qui fait notre humanité, les militants espagnols d’Extinction rébellion tentent, avec ce die in et plusieurs autres performances prévues durant toute cette semaine, d’alerter sur d’autres dangers de mort qui nous guettent, pour cause d’inaction climatique de nos (ir)responsables politiques.
Je nous (vous) souhaite encore et encore des lendemains. Qui chantent et dansent, cascadent de mots et d’images, colorent nos vies et les interpellent. Et je cherche la pirouette joyeuse, souriante et essentielle pour terminer ce billet.
(Photos : Fabio Frustaci et Paul White)
Espagne ou Italie ?
J’ai (un peu) laissé faire le hasard et j’ai découvert Diodato, le chanteur qui, après sa victoire au 70e Festival de San Remo, devait représenter l’Italie au concours Eurovision, annulé pour cause de vous savez quoi.
Che vita meravigliosa ! ou Quelle vie magnifique !
Ça vaut un sourire…
Laissons aux tristes néolibéraux cette ahurissante conviction que la culture n’est pas « essentielle ». Eux passeront, l’histoire les a déjà jugés et ce depuis des siècles. Ce billet pose la vraie question, la seule qui vaille : comment rester vivant.e ? La colère est une bonne réponse ici, maintenant. La joie aussi, puisque, comme l’affirment Alain Damasio et d’autres avant lui, rien n’est plus révolutionnaire qu’elle. Puisque tout l’enjeu des gouvernants qui se prennent un peu trop au jeu du pouvoir est d’éteindre tout ce qui peut la susciter, soyons joyeux, allons à l’essentiel, restons vivants !
De l’importance de l’orthographe des mots… des maux ? …Je me taperai bien un petit jeûne où je me taperai un petit jeune ? Sourires.
La colère est essentielle. Et c’est bien, parce que c’est autoproduit…Pas besoin d’attestation pour la trouver !!