La beauté sans les yeux

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“La beauté est dans les yeux de celui qui regarde.”
Oscar Wilde, Le Déclin du mensonge (1891)

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En découvrant la première photo du jour (dans une série publiée chez Reuters), j’ai été frappé par deux choses simultanément : le visage de Masoumeh Ataei, sur lequel j’ai reconnu les ravages d’une attaque à l’acide, comme j’en ai déjà trop croisées depuis que je regarde le monde à travers son actualité photographique. Et la profusion de miroirs au mur derrière elle, comme un appel à contempler ce visage défiguré.

Mais Masoumeh Ataei ne peut plus se regarder. Non pas que son visage l’effraie, mais parce qu’elle a aussi perdu l’usage de la vue lors de l’attaque qu’elle a subie de la part de son beau-père, qui refusait sa décision de divorcer.

Dix ans et 8 opérations plus tard, Masoumeh Ataei n’a pas retrouvé une vie ni une apparence “normales”. Mais la jeune femme de 37 ans a traversé la dépression dans laquelle elle avait sombré après l’attaque et sa défiguration, apprenant a s’accepter, sans résignation, et retrouvant sa fierté de femme. Une résilience due en partie à son nouveau “métier” de modèle pour des vêtements traditionnels, qu’elle aime mettre en valeur, même si elle ne peut en saisir la beauté que par le toucher.

Une beauté dont elle revendique aujourd’hui “qu’elle n’est pas qu’une question d’apparence et qu’elle peut être définie par d’autres critères”. Une manière de “voir” tellement banalisée dans nos évocations de “beauté intérieure” ou “d’essentiel invisible pour les yeux”, dont elle a fait pour sa part une réalité.

Au delà de son rôle de modèle de mode, non reconnu comme une profession dans son pays, Masoumeh Ataei est aussi un modèle pour d’autres personnes victimes comme elle d’attaques à l’acide. Elles sont une cinquantaine chaque année, dont une majorité de femmes.

Et pour moi, qui m’effraie de l’horreur humaine autant que je m’attriste de toutes les violences, Masoumeh Ataei est le modèle du jour pour avancer – lentement – vers la reconnaissance de la beauté du monde.

(Photos : Majid Asgaripour)

Réfugiée en Israël avec sa famille, Liraz est une star dans son pays d’adoption, mais elle n’en oublie pas pour autant ses racines iraniennes.

Elle a enregistré son deuxième album, Zan ( “femme” en persan), avec des artistes iraniens et dans la clandestinité pour éviter de se faire repérer par la police secrète iranienne.

Les femmes voilées du clip Zan Bezan ont aussi la force de lever le poing bien haut. Une ode à la liberté et à la vie. Un beau symbole d’espoir..