Petite année : Mai

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“Le prolétaire d’un pays colonisateur possède toujours un sous-prolétaire issu du pays colonisé.”
In Le Joli Mai (1962), Chris Marker et Pierre Lhomme

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Cinquante-huit années ont passé depuis que Chris Marker et Pierre Lhomme ont filmé un Paris, aujourd’hui depuis longtemps disparu. Accompagnés par la voix off d’un Yves Montand, lui aussi disparu, bien après son idéal.

Il demeure un bien beau film, la nostalgie, et la conscience d’une colonisation pas vraiment disparue. Ainsi que, j’espère, un idéal moins abimé par les coups de boutoir du libéralisme dans lequel j’évolue moi aussi. Malgré moi. Tentant de maintenir vivace cet idéal auquel je continue de croire. Avec détermination et sans illusion. Un truc que je continue d’appeler communisme, même si c’est complètement démodé.

La photo rétrospective de ce mois de mai 2020 a été justement prise dans cette Chine étrangement communiste, à la veille de la Journée de l’enfant qui se déroule là-bas le 1er juin. À ne pas confondre avec la Journée internationale des droits de l’enfant, célébrée par l’ONU le 20 novembre.

Bref.

En Chine comme ailleurs, les enfants n’ont pas toujours été à la fête cette année. Comme d’habitude. Avec souvent et un peu partout, juste le droit de se taire. Etymologiquement.

Il est tout à fait possible que les enfants photographiés à l’aquarium du monde sous-marin de Nanjing se taisent aussi, médusés en regardant… les méduses.

Il m’arrive moi même de ne plus savoir quoi dire en regardant le monde.

Comme maintenant…

(Photo : Yang Bo)

Avant même sa naissance, il y a plus de 30 ans, je faisais écouter à ma fille Mory Kante, dans le ventre de sa mère.

Plus tard, il y a une quinzaine d’année, je suis allé l’écouter en concert, toujours avec ma fille.

Le 22 mai 2020, Mory Kanté a déserté. Sa musique reste pour la faire entendre à ma petite-fille à venir. Et dans 15 ans, m’emmènera-t-elle écouter autre chose ?


Et pour mémoire, la carte du jour de la “petite année” :