“Toute œuvre d’art est l’enfant de son temps et, bien souvent, la mère de nos sentiments.”
Wassily Kandinsky
“L’art est un jeu d’enfant.”
Max Ernst
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Quelques jours après l’anniversaire de l’arrivée du virus par chez nous, nous ne sommes pas sortis de l’incertitude à tous propos et, pour en rejouter une couche (une injection ?), notre gouvernement ne laisse plus planer de doutes sur un prochain retour à la normale. A moins que la normale ne soit cette vie rognée à laquelle nous sommes condamnés sans savoir pour combien de temps.
Alors que les soldes connaissent un “démarrage poussif”, nos activités “nos activités “non essentielles” restent à l’arrêt : salles de sports, restaurants, bars, salles de spectacles, cinémas, lieux d’exposition… J’en oublie sûrement et je préfère en passer pour que la déprime ne m’empêche pas de terminer ce billet.
Bref, la vie se meurt et l’art aussi. À quelques exceptions près.
Alors que tous les lieux culturels de la ville restent fermés, comme partout, une vente aux enchères qui a pu se dérouler à Caen a permis la vente d’un tableau de Pierre Soulages, ayant appartenu à Léopold Sédar Senghor, pour la modique somme de 1,5 million d’euros à un “acheteur européen” anonyme.
L’autre artiste qu’évoquent les photos du jour restera lui aussi anonyme, puisque je n’ai pu trouver aucune information sur cette exposition proposée par منظمة بنفسج (l’Organisation Violette) : ni le nom de l’artiste, ni les renseignements pratiques… Rien d’autre que le nom des organisateurs, une ONG locale, et la nature des œuvres, créées uniquement à partir de … boue.
Il faut dire que la boue ne manque pas dans le camp d’Atma, dont j’avais publié une image vendredi dernier déjà.
Et même si la Syrie est un peu loin pour nous, privés d’exposition comme de tant de choses, ces images d’Anas Alkharboutli (que je salue et félicite aussi pour son prix du jeune reporter au dernier Prix Bayeux Calvados-Normandie des correspondants de guerre) nous rappellent à quel point ce pays est toujours ravagé, en même temps qu’elles nous disent que l’art, la culture, les sourires sont essentiels pour tous. Même ceux qui semblent privés de tout.
Comme ces enfants dont la plupart n’ont connu que cette guerre.
Ces guerres dont je ne comprends toujours pas pourquoi elles demeurent “essentielles”.
(Photos : Anas Alkharboutli)
J’ai cherché une chanson en rapport avec la boue des tableaux de l’artiste inconnu. Et j’en ai trouvé quatre. Ne parvenant pas à trancher entre ces découvertes, je vous ai fabriqué une petite mosaïque, en avance sur le weekend.
- The Road Hammers : Mud
- Whiskey Myers : Mud
- Tom Russell : The Sky above, the Mud below
- Et la première que j’ai trouvée : The Hippopotamus Song (Mud, Mud, Glorious Mud)
A vous de choisir votre préférée…
Et je sais que j’aurais pu aussi partir dans La Gadoue.