“Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social. […] Il n’y a pas de discours civil, pas de coopération ; mais de la désinformation. Ce n’est pas un problème américain. […] C’est un problème global.”
Chamath Palihapitiya, ancien vice-président chargé de la croissance de l’audience chez Facebook entre 2007 et 2011
“Une des raisons pour lesquelles je pense qu’il est particulièrement important pour nous d’en discuter maintenant, c’est que nous sommes probablement la dernière génération qui peut se rappeler la vie d’avant.”
Justin Rosenstein, créateur en 2099 du “like”
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Même si j’ai un certain faible pour Kim Jong Un, qui est vraiment un excellent client, photogénique et toujours drôle, je ne pensais pas qu’il reviendrait si vite dans ces pages.
Mais l’actualité est parfois facétieuse.
Ainsi, Facebook a décidé de bloquer toutes les pages d’information des médias en Australie, en réponse à l’obligation à rémunérer les médias pour l’utilisation de leurs contenus. Des représailles par anticipation, puisque le projet de loi n’est pas encore adopté.
Les utilisateurs australiens qui souhaitent accéder à l’information via le réseau social reçoivent donc ce message laconique et qu’ils ne peuvent pas partager :
Violent ! Mais surprenant ? Le réseau “social” a tenté de justifier sa décision par cet étrange communiqué.
“La proposition de loi interprète mal la relation entre notre plateforme et les éditeurs. Elle nous met face à un choix difficile : tenter de se conformer à une loi qui ignore les réalités de cette relation, ou cesser la publication de contenus d’actualité en Australie. C’est avec le cœur lourd que nous choisissons cette dernière solution.”
C’est dur d’être incompris et l’on imagine le cœur lourd de Marc Zuckerberg.
Je ne suis ni Australien ni utilisateur de Facebook (sauf par obligation professionnelle) et je pourrais m’en foutre. Mais l’information m’a lourdement écœuré.
Une entreprise privée est donc assez puissante pour tenter d’imposer sa loi à un état souverain, pour tout faire afin de préserver ses profits, pour s’arroger le droit à la censure ?
Pour la censure, on était déjà au courant avec la fermeture, au lendemain de l’attaque du Capitole, du compte du président étasunien encore en exercice. avec le zèle dont fait preuve le réseau pour éliminer les contenus “complotistes” (enfin s’ils concernent le Covid-19) ou pro-palestiniens (en accord avec le gouvernement israélien…), pour fermer les comptes des altermondialistes pendant le G7 de 2019 à Biarritz. Et je suis sûr que j’en oublie des dizaines.
Pour la recherche du profit à tout pris, le scandale de Cambridge Analytica nous avait alerté.
Pour l’arrogance et la prétention à se placer au -dessus des lois, on en a juste une nouvelle manifestation.
Je me souviens d’une discussion, il y une quinzaine d’années avec mon ami Fabrice (et formateur en maîtrise de toile, webmastering en français d’aujourd’hui), dans laquelle il me disait que l’avenir de l’Internet s’appelait Facebook et que je répondais que cela en signait plutôt la fin, d’une certaine manière. Je n’ai pas changé de conviction, jugée réactionnaire. Et tous mes amis réseauteurs n’ont pas réussi à me convaincre de publier ailleurs que dans ce blougui où je suis totalement libre (et où j’ai le droit d’écrire en italiques si je veux…)
Bref.
Chacun trouvera encore des arguments pour continuer à nourrir le monstre enfanté par un malade mental. Un ami qui nous veut (tellement) du bien. Pour ma part, je reste réactionnaire. Ou visionnaire et révolutionnaire ?
Les gazettes du monde entier s’émeuvent, les responsables politiques australiens s’indignent, le Premier ministre d’Australie occidentale, Mark McGowan, est même allé jusqu’à comparer Marc Zuckerberg à Kim Jong Un (le revoilà !) :
“Facebook se comporte plus comme la Corée du Nord que comme une entreprise américaine. J’exhorte le gouvernement américain à nous aider à résoudre cette question…”
C’est très exagéré.
Si Kim Jong-un règne sans partage sur 25,5 millions de Nord Coréens, Facebook, le réseau amiral de Zuckerberg, compte 2,80 milliards d’utilisateurs actifs mensuels en décembre 2020, soit plus d’un tiers de notre humanité.
Mais cette exhortation à l’intervention d’un gouvernement ami n’est-elle pas un aveu d’impuissance, comme toutes les réactions indignées ?
Sommes-nous prêts à retrouver notre liberté ?
(Photos : DR)
Je n’ai pas cherché de musique en Australie. Mais j’ai eu envie de (vous faire) réécouter meliSsmelL…
Laquelle a un bien beau texte en photo de couverture de sa page … Facebook.
