“C’est vrai qu’ils sont plaisants tous ces petits villages
Tous ces bourgs, ces hameaux, ces lieux-dits, ces cités
Avec leurs châteaux forts, leurs églises, leurs plages
Ils n’ont qu’un seul point faible et c’est d’être habités
Et c’est d’être habités par des gens qui regardent
Le reste avec mépris du haut de leurs remparts
La race des chauvins, des porteurs de cocardes
Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part”
Georges Brassens, La Ballade des gens qui sont nés quelque part
*
J’ai la chance de ne pas être fier du quelque part où je suis né.
Et de ne pas appartenir à la race des chauvins.
C’est juste mon patronyme.
Que je partage avec Nicolas, qui n’est pas mon aïeul, Jérôme, qui n’est pas mon frère et dont j’ai déjà parlé récemment (voir plus loin aussi), Ingrid, qui n’est pas ma cousine (comme on me l’a si souvent demandé), Franck, président du Haut Conseil de la santé publique, qui osait récemment mettre en doute l’efficacité (et l’humanité) du confinement, mon père qui l’est de moins en moins, quelques milliers d’individus en France et à travers le monde et… Derek !
Derk Chauvin, dont le procès est fébrilement suivi par des centaines de manifestants réunis sous la bannière Black Lives Matter. Des manifestants qui redoutent l’acquittement de ce policier accusé d’avoir tué George Floyd, le 25 mai 2020, en maintenant le genou sur son cou pendant plusieurs minutes.
Dix mois après Minneapolis est toujours en ébullition et en état de siège depuis une semaine, par peur de ces manifestants qui, pour leur part s’inquiètent de l’acquittement, rappelant que les policiers blancs ne sont (presque ?) jamais condamnés pour le meurtre d’un afro-américain.
L’un des manifestants a notamment déclaré à mes confères de RFI : “Je ne m’attends pas à ce que justice soit rendue. Quand il s’agit des Noirs, notre système judiciaire n’est jamais cohérent. Dans cette affaire, Derek Chauvin va s’en tirer. Parce que c’est presque toujours comme cela que cela se passe aux États-Unis.”
Parmi les images de manifestations qui ont défilé sur mon écran, je n’ai retenue que la photographie que je vous propose aujourd’hui, où l’on distingue la longue liste des victimes de violences policières que portent plusieurs participant à une marche silencieuse, dimanche dernier.
Une liste de noms que je ne parviens pas à lire, une trop longue liste de victimes de trop de dérapages.
Alors, silencieusement moi aussi, je pense George Floyd et à tous ceux qui ne sont ni mes frères, ni mes sœurs, ni mes cousins ni mes cousines, tous ceux dont je ne connais pas plus les noms que ceux que je ne parviens pas à lire, qui ont été tués ou mis dans un sale état par les polices en sale état de nos états “démocratiques”.
Avec aussi une pensée pour notre esprit républicain.
“Ce que l’on peut appeler une police républicaine c’est justement une police qui est au service du peuple et non pas au service de l’État…”
Monique Chemillier-Gendreau, dans Un pays qui se tient sage, de David Dufresne
(Photo : Chandan Khanna)
Il y a aussi des Chauvin qui ont du talent.
Je ne parle pas de moi, ni de Jérôme, que j’ai évoqué déjà récemment, ici ou là, mais de Julien, dont j’ai fait la connaissance hier, et qui initie dans cette vidéo la rencontre – improbable mais remarquable – entre Vivaldi et le hip-hop, en compagnie de la Cie Käfig.
Wahou quel chouette mélange !! Comme un élan …
Douce soirée
***