L’ombre d’une promesse

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“Je pleurais pas à cause des mères ! dit-il d’un ton passablement indigné. Je pleurais parce que j’arrive pas à me recoller mon ombre. Et en plus, je pleurais pas !”
Peter Pan,  J. M. BARRIE

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Je me suis un peu interrogé, en trouvant la citation du jour, sur cette dénégation de Peter Pan, qui n’aurait pas voulu que Wendy sache qu’il était capable de pleurer. de la part d’un individu qui prétend ne pas vouloir quitter l’enfance (voir le fameux syndrome de Peter Pan ou puer aeternus, comme je viens de l’apprendre), cela m’a paru un peu étrange. Il me semble que l’enfance reste l’endroit “idéal” des chagrins, gros ou petits, inconsolables ou fugitifs, mais sans pudeur inutile. A moins que ce ne soit encore le résidu d’une éducation (genrée, dirais-je si j’étais moins ringard) du début du siècle passé (Peter Pan est apparu en 1911) dans laquelle les garçons se voyaient interdire de pleurer, activité réservée aux filles. Il en est de même aujourd’hui ? Excusez-moi d’encore pleurer lorsque j’en ai envie (comme pisser ou éjaculer (quoi que…), comme le clamait Léo Ferré dans La Solitude, que j’évoquais ici naguère).

Bref. Comme disait à son tour Jacques Brel, il faut “bien du talent pour être vieux sans être adulte”. Et, même si je doute de posséder ce talent comme tant d’autres, je continue d’espérer une certaine préservation de l’enfant qui continue, j’en suis sûr, à vivre en moi.

Mais je n’ai aucun problème avec mon ombre qui, fidèlement, me suit pas à pas (comme la Solitude de Serge Reggiani et Georges Moustaki, évoquée le même jour que celle de Léo Ferré (ce sera plus simple pour vous si vous suivez les liens…) et me permet de jouer avec elle dans mes moments de promenades au soleil, entre autres. Ou dans la nuit, sous les réverbères, quand nous avions encore le droit de nous y promener librement !

J’ai eu comme une bouffée de fraternité avec l’enfant de l’image du jour, en le voyant jouer avec son ombre. Suivie d’une bouffée de tristesse en lisant la légende qui accompagnait la photo : cet enfant migrant (sans nom) d’Amérique central (sans précision de pays) a été photographié sur le sol du Centre pour une attention intégrale aux migrants (Centro de Atención Integral a Migrantes) de Ciudad Juarez, après avoir été refoulé avec sa mère (sans allusion au père) des Etats-Unis.

Comme toutes celles de ses acolytes, prédécesseurs et successeurs, les promesses d’accueil de Joseph Robinette Biden Jr. alias Joe Biden n’engageaient que ceux qui y ont cru.

Ca vous étonne ? Moi pas. J’ai beau avoir gardé des traces d’une âme d’enfant, ma naïveté a des limites.

Mais l’image reste douce et il faisait beau hier à Ciudad Juarez…

(Photo : Jose Luis Gonzalez)

J’ai demandé à Google de me trouver une chanson récente avec “shadow”. Il m’a envoyé en Inde…

Et voilà !

J’espère que ma lectrice amatrice de Bollywood est toujours à l’écoute.