“Chacun pour soi est reparti
Dans l’tourbillon de la vie”
Le Tourbillon, paroles de Serge Rezvani
interprété par Jeanne Moreau dans Jules et Jim (1962)
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“Je peux vous affirmer là que je n’ai aucun mea culpa à faire, ni aucun remords, ni aucun constat d’échec.” Emmanuel Macron, jeudi 25 mars 2021
Je sais ! Ca fait deux citations. Mais la saillie présidentielle n’est là que pour que, moi qui ne suis peut être rien (et qui suis volontiers fainéant), je vous présente des excuses.
Parce que par les temps qui courent, j’ai du mal à contenir la colère et à laisser s’épanouir la passion, pour paraphraser la belle citation pas totalement apocryphe d’il y a deux jours à peine.
Et l’arrogance de ce président – aussi droit dans ses bottes qu’Alain Juppé quand il justifiait ses magouilles immobilières (et osait affirmer qu’un logement de 80 m2 c’est petit !) presque 10 ans avant d’aller traîner ces mêmes bottes au Canada après sa condamnation pour prise illégale d’intérêts dans le cadre de l’affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris – la suffisance de ce président m’a époustouflé : aucun constat d’échec sur la gestion calamiteuse de la crise de l’année écoulée, sur la manque de moyens, de personnels, de lits d’hôpitaux dont des milliers avaient été jugés inutiles ? Aucun remords sur les conflits (d’intérêt ?) autour des traitements (hydroxychloroquine ou ivermectine jugées dangereuses au “bénéfice” du remdesivir ou des anticorps monoclonaux) ? Aucun mea culpa pour une communication péremptoire et plus variante que le virus ?
D’où ma colère. Amplifiée, comme si ça ne suffisait pas, par les “mesures de freinage renforcées” qui tombent cette nuit sur nos vies déjà tellement rabougries. Sans plus vraiment espérer ce fameux monde d’après qu’on nous a agité sous le nez il y a un an, nous allons finir par oublier ce qu’était le monde d’avant, quand nous pouvions aller et venir librement, nous offrir un spectacle, un cinéma, un apéro ou un restau, respirer sans entrave et voir le visage des gens que l’on croisait et auxquels nous parlions…
Entre autres.
(Le tonnerre gronde sur ma ville au moment où j’écris, comme en écho.)
Et comme si la soumission était encore insuffisante, comme si nos peurs étaient redevenues trop faibles, on nous prépare (doucement ?) à un nouveau confinement général “inévitable”.
Excusez-moi dès lors d’être en colère. Et d’avoir l’impression que nous tournons en rond dans un monde qui, lui, ne tourne pas vraiment rond.
Ça y est ? Vous avez compris le titre, la chanson en citation et les images du jour ?
Pour les images, je vous ajoute quelques précisions :
- La première nous vient d’un centre commercial (fermé) de Santiago du Chili où ça restreint pas mal aussi. Pour nous consoler ?
- La deuxième a été prise à Lovozero en Russie, au-dessus d’un enclos de cerfs qui attendent leur vaccination. Contre l’anthrax (maladie du charbon). Pour nous rappeler qu’il existe d’autres maladies ?
- La troisième a été réalisée par une équipe internationale d’astrophysiciens qui ont réussi à capter la lumière émise par un trou noir, à quelques 53 millions d’années-lumière de chez nous. Pour nous faire rêver et nous rappeler que nous sommes peu de choses finalement ?
Bref (je ne l’avais pas encore placé).
Je termine en me rapprochant, sinon de la passion au moins de la vraie vie, que je nous souhaite de respecter encore plus que les gestes barrière. La vraie vie où l’on a le droit impérieux (en même temps que le désir vital) de rencontrer les autres et de ne pas succomber au “chacun pour soi” de la citation du jour et de l’ambiance de la période.
D’ailleurs, la chanson Le Tourbillon se termine ainsi :
“Alors tous deux on est repartis
Dans le tourbillon de la vie
On a continué à tourner
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés
Tous les deux enlacés”
(Photos : Ivan Alvarado, Lev Fedoseyev, Event Horizon Telescope – EHT)
Je sais que nous ne sommes pas samedi, jour habituel de la rubrique “Souvenirs”. Mais je me suis déjà excusé plus haut et je ne vais pas (ac)cumuler les mea culpa…
Et puis, après tout je suis ici chez moi (même si abcdetc est hébergé en Suisse) et je fais bien comme je veux.
Et enfin, de ma tête où se sont mises à tourner les chansons, a émergé celle-ci, qui m’a évoqué les “souvenirs à venir” qui sont autant de promesses… d’avenir.
Forteresse, une bien belle et tendre chanson pour vous (nous) souhaiter des îlots de résistance. Par :
- Michel Fugain et Maurane
- Claire Litzler (vibraphone et chant) et Sarah Perez (danse)
- La chorale du CAC d’Epône
- Les Divalala
J’aime tellement cette chanson qui me fait souvent monter un tourbillon de larmes
Ton article de ce soir me parle particulièrement, merci de poser les mots
cette sensation de spirale me rappelle des discussions « telepho-confinées » d’il y a un an, et les escargots senestres et les roulages en boule intempestifs
Ce tourbillon actuel épuisant et pas drôle pèse, vivement une farandole de crêpes
(Et qu’elle est belle la photo du sol arc en ciel)
Douce soirée
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