Mascarade électorale

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“C’est facile de se moquer”
Titre d’une chanson des Wampas en même temps (marque non déposée, faut pas déconner…) que du blog du dessinateur Berh.

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Alors qu’on s’est beaucoup interrogés par chez nous sur le maintien ou le report des prochaines élections (l’annulation aurait été plus simple mais un peu grossière), les Syriens ne connaissent pas ce genre de problèmes.

Malgré 10 ans de guerre qui ont plus que ravagé leur pays, les électeurs syriens sont appelés aujourd’hui aux urnes pour offrir à Bachar el-Assad un quatrième mandat consécutif

Le président sortant a en effet peu de risques de perdre son scrutin, même si, pour une fois, il a deux candidats qui se présentent contre lui. Mais Abdallah Salloum Abdallah et Mahmoud Mareï (qu’on cite pour mémoire) ne sont là que pour faire de la figuration. La seule opposition se trouve dans les territoires assiégés de la région d’Idlib (photos en alternance ci-dessus), la dernière poche de résistance après 10 ans de conflit.

Bachar el-Assad est ainsi bien parti pour battre le record de son père, Hafez el-Assad, auquel il a succédé en 2000, et qui avait régné sur le pays durant près de 30 ans. Un règne dynastique, longuement soutenu par les pays “démocratiques”, qui dénoncent aujourd’hui une mise en scène pour simulacre de scrutin ni libre ni juste.

La seule inconnue de ce scrutin réside donc dans le score du vainqueur sans surprise, qui avait obtenu 88,7 % des voix en 2014. Et surtout sur la participation, qui risque d’être sérieusement à la baisse (elle était de 73% au dernier scrutin) : si la Syrie compte officiellement 18 millions d’électeurs, l’ONU dénombre 13 millions de personnes (60% de la population) qui ont dû fuir de chez elles à cause de la guerre, dont 6,6 millions sont réfugiées à l’étranger.

Mais un dictateur dont le slogan électoral est “L’espoir par le travail” (“Le travail rend libre” était déjà pris) peut peut être même espérer que voteront les 388.000 morts de la guerre.

Bref.

C’est facile de se moquer des mascarades électorales étrangères :  attendons de voir les prochaines chez nous ! Et je ne parle pas du port du masque obligatoire dans les isoloirs…

(Photos : Yamam al Shaar, Firas Makdesi, Anas Alkharboutli, DR)

La plus grande part des réfugiés syriens (1,5 million ?) sont au Liban, dans une situation “critique”.

Une pensée pour eux, accompagnée de quelques pépites du musicien Rogér Fakhr, qui ressurgissent aujourd’hui, près de 50 ans après. Une compilation éditée sous le titre Fine Anyway.