“Rien n’est aussi trompeur que les faits, si ce n’est les chiffres.”
Conning
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Le Figaro, qui m’a aimablement fourni la citation du jour, l’attribue à un certain (une incertaine ?) Conning. Mais Google, dont je ne vous rappelle pas la faillibilité, n’est pas foutu de me trouver un auteur (homme ou femme, vivant ou mort) de ce nom, et se contente de me traduire le mot “conning” par “escroc”.
Sacrée préambule à ce billet, que je vais introduire en parlant non pas d’escroquerie (quoi que) mais de chiffres.
Depuis le début de la pandémie, nous sommes submergés de chiffres, davantage destinés à nous effrayer et à à conditionner notre soumission qu’à réellement nous informer : nombre de cas, nombre de personnes hospitalisées, nombre de cas en réanimation et taux de saturation des hôpitaux (sans rappeler le nombre de lits fermés depuis des années), nombre de morts (éventuellement corrigé des variations saisonnières comme les chiffres du chômage), nombre de tests (sans s’attarder sur les faux positifs), R0, taux d’incidence… J’en oublie sûrement, saturé que je suis, presque autant que nos services de réanimation soumis depuis plus de 20 ans à une logique de rentabilité.
Depuis le début de la campagne vaccinale et de la campagne publicitaire qui l’accompagne, nous avons droit aux nouveaux chiffres du nombre de première et deuxième doses, en attendant la troisième et les suivantes qui font saliver les laboratoires. Je rappelle au passage que Pfizer et Moderna “prévoient d’engranger respectivement 26 milliards et 18 milliards de dollars en 2021 grâce à leurs vaccins à ARN messager”. Et comme c’est Le Monde qui le dit c’est garantie sans complotisme.
Cependant, je suis toujours (pas vraiment) surpris et (réellement) contrarié que manquent à l’appel (à la pelle) les chiffres des effets secondaires des vaccins qui, je le rappelle, sont toujours en phase de test. L’ANSM (agence nationale de santé et de sécurité du médicament) consacre bien un chapitre aux “Effets indésirables liés aux vaccins autorisés contre la COVID-19 : ce qu’il faut savoir”, mais n’y propose pas de récapitulatif chiffré actualisé quotidiennement. Cela ne doit pas faire partie de “ce qu’il faut savoir”.
Bref.
Alors qu’on vaccine à tour de bras dans nos pays “développés” sans donc trop rien savoir des effets secondaires, qui nécessitent une surveillance attentive “pendant
au moins 15 minutes après la vaccination” (dixit l’ANSM), les plus pauvres sont pour l’instant protégés des effets indésirables (et se soignent avec autre chose que le pacarétamol) : à l’heure qu’il est, le dispositif Covax, de solidarité vaccinale internationale, a permis la distribution de quatre-vingt millions de doses dans 129 pays. Et il n’est pas certain que l’exhortation de l’OMS aux labos de réserver 50% de leur production aux pays les plus pauvres soit suivi d’effet. Ou alors ça ferait baisser les profits évoqués plus haut.
Ce n’est pas un vaccin contre la Covid qu’attendent les Ethiopiens et les Erythréens de la photo du jour, mais juste l’aide alimentaire que leur apportent les ONG et l’UNHCR, qui rappelle que des dizaines de milliers de personnes ont dû fuir la région du Tigré, toujours zone de conflit depuis novembre dernier.
La recherche de la paix est plus difficile que celle d’un “vaccin”. Ou peut être moins rentable ?
(Photo : Baz Ratner)
Pour accompagner ce billet et adoucir mes propos, j’ai trouvé cette chanson de la chanteuse éthiopienne Aster Aweke.
Et ce commentaire (que je ne commenterai pas) sous la vidéo :
“First time I heard her voice was at the age 6yrs old fleeing war from northern Somalia 1989 in Jigjiga Ethiopia. Even though I understood nothing of what she was singing fir or about, I listened to her Songs endless Trying to suppress childhood trauma She is an amazing authentic singer ♥️♥️♥️♥️♥️♥️♥️♥️♥️♥️♥️”
Yes she is !… je l’avais entendue pour la première fois ici… une très longue et très belle chanson…