En coin

,

Slide 1
Slide 2
Slide 3
Slide 4
Slide 5
Slide 6
Slide 7
Slide 8
Slide 9
Slide 10

« Lorsqu’on crie : “Vive le progrès !”, demande toujours : “Le progrès de quoi ?” »
Stanislaw Jerzy Lec (1909-1966), Nouvelles pensées échevelées

On l’a échappé belle : pour introduire cet article sur la modernité galopante, il ne me venait que des pensées pas vraiment échevelées de notre président ou de son ministre de l’économie. La honte ! Heureusement, grâce aux ressources presque infinies du web, j’ai fait la connaissance de cet écrivain, dont j’irai un jour explorer d’autres pensées et qui a aussi dit, à propos du progrès : “Quand un cannibale mange avec une fourchette et un couteau, est-ce un progrès ?”

Bref.

Le président salvadorien, Nayib Bukele, espérait bien faire entrer son pays à la fois dans la modernité et dans l’histoire avec l’instauration du Bitcoin comme monnaie officielle. Mais le lancement de la cryptomonnaie, mardi 7 septembre dernier, a été accueilli plutôt fraîchement par une large majorité (70%) de la population.

“C’est une monnaie idéale pour les gros investisseurs qui veulent spéculer mais qui ne fonctionnera pas pour les vendeurs de pupusa (plat traditionnel à base de maïs), les chauffeurs de bus ou les commerçants”, résumait l’un des milliers de manifestants qui ont défilé à San Salvador pour protester contre ce “progrès”.

“Ce bitcoin, c’est une monnaie qui n’existe pas, c’est une monnaie qui ne va pas profiter aux plus pauvres, mais aux plus riches. Qui, étant pauvre, peut investir, alors qu’il a à peine de quoi manger ?”, renchérissait José Santos Melara, un vétéran de la guerre civile (1980 à 1992).

L’opération de communication associée au lancement de la cryptomonnaie n’a pas connu que l’opposition de la rue : l’application Chivo Wallet destinée à diffuser la cryptomonnaie (30$ offert à chaque habitant) a connu plusieurs bugs, les serveurs informatiques se sont trouvés saturés et le président Bukele a dû assurer lui même, via Twitter, le service après (avant ?) vente.

Comble de malchance, alors que l’acquisition de 550 nouveaux Bitcoins (22,4 millions de dollars) par le gouvernement salvadorien avait favorisés la hausse des cours, le cours de la monnaie a ensuite dégringolé de 11%, amputant d’autant le pouvoir d’achat des Salvadoriens.

Allez, pour conclure cet article je vous cite quand même Bruno Le Maire qui s’enthousiasmait en mars 2018 : “Une révolution est en cours, dont le Bitcoin n’était que le précurseur.” 

Méfions-nous toujours des révolutions annoncées par des néolibéraux dont l’un des objectifs est la destruction de l’état. Dont la monnaie est un des symboles d’indépendance.

(Photos : Rodrigo Sura, Marvin Recinos, Jose Cabezas,
Camilo Freedman, Roque Alvarenga)

PS : Je me rends compte que j’ai laissé un titre incomplet… Tant pis !

Puisque l’actualité nous ramenait au Salvador, je suis allé chercher un autre groupe promu par Resonancia, que j’avais déjà évoqué par ici en avril dernier.

Le groupe Adhesivo mêle ici ses fondamentaux ska et quelques influences russes dans  La Dama de Moscú.