Marcher résolument vers la lumière

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Slide 1

“Y fait soleil même si ça pleut
Même si ça pète, même si ça tonne
Ça m’étonne pas, moé, j’ai la paix
Toé, tu l’as pas, mais ça viendra
Moé, j’me sens v’nir pis j’vas rev’nir
Comprends-tu ça, comprends-tu ça”
Robert Charlebois, Québec Love

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Depuis des années que je la fredonne, je n’ai jamais été foutu d’apprendre les paroles (ni même simplement le premier couplet) de cette chanson de Robert Charlebois.

Mais j’emploie souvent l’expression “pacifiquement si c’est possible, si c’est possible pacifiquement” que l’on trouve dans le dernier couplet…

Selon une vérification rapide, le mot paix apparaît dans 375 articles de ce blougui. Sur plus de 3500 billets, ça fait une bonne moyenne. Mais ça prouve aussi que mon pacifisme ne sert pas à grand chose, si j’en crois l’état du monde et la manière dont il “évolue”.

Je pourrais dès lors donner raison à celui qui fut le plus fidèle commentateur de ce blougui avant d’ironiser à plusieurs reprises sur mon appétit de paix. Puis de déserter à mon tour.

Et pourtant je résiste. Lucide de la faible force des mots. Mais persistant dans l’inconscience de vouloir déchirer le silence.

Bref.

C’est aujourd’hui le 40e anniversaire de la Journée internationale de la Paix.

Et c’est une photo de femme en pleurs qui me l’a rappelé. Une Afghane photographiée à New Delhi, lors d’un rassemblement de femmes en exil, fuyant devant l’atrocité qu’on dénoncera du bout des lèvres, pour ne pas trop contrarier nos dealers d’opium et de lithium. Jolie rime et triste monde.

Alors António Guterres pourra bien, à l’aube de la 76e session générale de l’organisation qu’il préside, faire résonner la Cloche de la Paix tout en invitant “à réfléchir de manière créative sur la meilleure façon d’aider tout le monde à mieux se rétablir, à devenir plus résilient et sur comment transformer notre monde en un monde plus égalitaire, plus juste, équitable, inclusif, durable et plus sain” ! il n’atteindra pas les cœurs sourds.

Quant à moi, je ne pourrai pas m’empêcher de penser à ces “responsables” qui pleurent davantage la perte d’un contrat de 56 milliards pour 12 porteurs de mort que la liberté perdues de femmes désarmées.

Mais, comme je sais que, pour l’avoir écrit jadis, “un jour même l’impossible n’existera plus”, je continuerai à ne pas me taire.

(Photos : Anushree Fadnavis, Mark Garten)

Si dans le titre d’hier, je reconnaissais mes lacunes (dans un jeu de mots approximatif), aujourd’hui je dois avouer ma quasi totale ignorance des chansons de Julos Beaucarne et de ne le connaître que le pour le magnifique texte que lui inspira le meurtre de sa compagne Loulou en 1975, que Nougaro a adapté la même année et qu’abcdetc a publié dans ces pages à quelques occasions…

Je repose ici deux versions de ce texte, puisque j’ai retrouvé au hasard de mes recherches, l’enregistrement par Julos Beaucarne lui-même…

… et constaté alors que c’est Nougaro qui évoque le paradis dont ne parle pas Julos Beaucarne. Auquel je souhaite cependant qu’il existe, pour de douces retrouvailles !

Quant à moi, je m’en vais combler encore quelques lacunes en écoutant quelques-uns des 49 disques de celui qui, hier, “est parti pour le pays de l’envers du décor”.

Un disque qu’il présentait, à sa sortie il y a presque 10 ans, dans une des rares vidéos que j’ai trouvée de lui où il apparaît.

Un disque où il chante un désir de paix.

Ni toi ni moi ne sommes faits
Pour la guerre
Nous sommes faits pour marcher
Résolument vers la lumière

Je ne veux plus entre toi et moi
Une quelconque intifada
Je ne veux plus te parler sabre
Je veux la grande paix sous les arbres