“Plus le mensonge est gros, plus il passe.”
Joseph Goebbels
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En cherchant une citation sur les livres ou la culture en temps de guerre, j’ai bien sûr pensé au fameux “Quand j’entends le mot culture, je sors mon revolver”, qu’on attribue alternativement aux tout aussi fameux GoGo (Hermann Goering ou Joseph Goebbels), mais qui est – je viens de l’apprendre – née sous la plume du dramaturge Hanns Johst qui, au début de sa pièce Schlageter, fait dire à l’un de ses personnages : “Wenn ich Kultur höre… entsichere ich meinen Browning !”. (“Quand j’entends parler de culture… je relâche la sécurité de mon Browning !”)
J’ai donc rendu à Hanns Johst ce qui lui appartenait et trouvé une autre citation du grand patron de la propagande allemande, que je trouvais d’actualité. Allez savoir pourquoi, mais sans moi : j’en ai parfois un peu marre de me faire traiter de complotiste.
Bref.
Ca fait du bien de voir des gens en train de lire. Spectacle qui se raréfie dans nos contrées pacifiques et activité qu’on n’imagine pas forcément prioritaire dans un pays en guerre comme au Yémen.
Oui, c’est bien des photos du Salon du livre de Sanaa (معرض صنعاء للكتاب ) que j’ai dénichées au hasard e mes navigations sur la toile. Une manifestation inaugurée en grande pompe par le vice-Premier ministre chargé des affaires de la vision nationale (sic) Mahmoud Al-Junaid et le ministre de la Culture Abdullah Al-Kibsi, mardi dernier, jour du “7e anniversaire de 21 Septembre Béni et Eternel”. Soit en langage moins martial, anniversaire de la prise de Sanaa par les Houthis et début de l’escalade du conflit au Yémen…
Et si le vice-Premier ministre s’est enorgueilli d’“une révolution de renouveau, de transformation et de correction visant à restaurer la dignité et à faire progresser le Yémen, qui a tous les ingrédients qui le qualifient pour être au premier plan” et que le ministre de la Culture a renchéri sur un salon qui “confirme l’étendue de l’intérêt et de l’intérêt des Yéménites pour les livres et le savoir”, la réalité est moins glorieuse.
Le salon a été fort peu fréquenté par les Yéménites qui, après 7 années de guerre et de blocus, ont des besoins plus élémentaires que celui de lecture : 80% des 28 millions d’habitants ont besoin d’aide pour simplement nourrir leur famille. Et les rares lecteurs qui ont arpenté les stands ont feuilleté les ouvrages sans avoir les moyens de les acheter.
Triste constat. Qui témoigne une fois encore que la guerre et la culture sont difficilement compatibles.
Toutes proportions gardées, bien sûr, le “Nous sommes en guerre” de notre président était-il prémonitoire de l’ignorance qu’il entretient (avec l’alibi de son conseil de défense) depuis 18 mois ?
(Photo : Mohammed Hamoud)
A-Wa, ce sont trois sœurs (Tair, Liron et Tagel), juives nées en Israël où elles ont redécouvert leurs racines yéménites.
Ce morceau, Hana Mash Hu al Yaman (Ici, ce n’est pas le Yémen), est extrait de leur deuxième album, Bayti Fi Rasi (Ma maison est dans ma tête). Il associe musique traditionnelle yéménite à des sons électro ou hip hop, et s’inspire de la migration de leur grand-mère entre le Yémen et Israël , pour offrir un hymne aux réfugiés.
Je suis arrivée vers toi, fuyante
Tu m’as vu comme une primitive
Je suis arrivée vers toi, fuyant
Je t’ai vu comme une dernière chance…